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    Movember : « laissons pousser la moustache et parlons-en ! »

    Movember, le mois de sen­si­bi­li­sa­tion aux maladies mas­cu­lines, continue. Faire pousser sa moustache tout au long de cette période est l’une des manières d’entamer les conver­sa­tions dif­fi­ciles, voire taboues, autour du sujet. Emre Süner participe au défi depuis de nom­breuses années. Il raconte son expérience.

    Le mois de novembre est le mois de sen­si­bi­li­sa­tion aux maladies mas­cu­lines, physiques comme mentales. Créée en Australie, en 2003 et exportée dans le monde dans les années qui ont suivi, la campagne Movember (le mot-​valise des termes moustache et November – NDLR) rassemble des centaines de milliers de par­ti­ci­pants à travers le monde, chaque année. L’idée : laisser pousser sa moustache pour faire passer le message. Nous avons décrypté le mouvement dans un autre article.

    Emre Süner, 24 ans, vit au Qatar, où Movember prend l’ampleur depuis quelques années. Participant aguerri de la cause, il relève le challenge pileux pour la 6e fois. Fier de sa moustache et de ce qu’elle signifie, il défile les photos, qui exposent la longueur de ses poils. « Les gens m’approchent, en me demandant » pourquoi as-​tu fait pousser ta moustache ? » et j’utilise ce prétexte pour entamer la conver­sa­tion à propos de la santé masculine. » 

    Passionné par la cause, Emre constate qu’autour de lui, il existe pourtant une grande mécon­nais­sance du mouvement, surtout en matière de la santé mentale des hommes. 

    Autant la santé mentale que physique

    « À mon avis, Movember concerne autant la santé mentale des hommes que leur bien-​être physique », un point que Emre tient très à cœur. « La société nous dit : « Si quelqu’un avait des problèmes de santé mentale, ce seraient les femmes. Ainsi, on ne se rend pas compte que beaucoup d’hommes ont aussi ce genre de soucis. Je dirais même que les hommes en souffrent davantage, à cause de cette ignorance, cet effa­ce­ment de leur santé mentale. »

    Les études montrent que même si les femmes restent plus sus­cep­tibles de faire une dépres­sion, les hommes ont plus tendance à se donner la mort. Les chiffres sont acca­blants : en Occident, 75% des suicides sont recensés dans la popu­la­tion masculine. Les pro­fes­sion­nels de la santé psychique estiment que cela est en partie dû au fait que les hommes ont du mal à demander de l’aide à ce sujet. 

    Emre est tout à fait d’accord avec ce constat. Il ajoute : « à cause du patriar­cat et de la mas­cu­li­nité toxique (très tra­di­tion­nelle et machiste – NDLR), les hommes doivent sur­veiller leurs actions. Ils craignent d’apparaître efféminés ou » gays «. Cela a une conno­ta­tion négative dans la société. Ainsi, ceux qui ont des traits de caractère féminins, doivent les cacher, ce qui leur cause des souf­frances morales. Moi-​même, j’ai eu des soucis avec cela. »

    Élargir la conver­sa­tion 

    En ce qui concerne la santé physique, le mouvement Movember attire l’attention sur les cancers du testicule et de la prostate, d’où le terme « maladies mas­cu­lines ». Pour Emre, la conver­sa­tion porte sur tout ce qui précède et bien au-​delà. Même s’il n’a pas de proches qui ont souffert des cancers masculins, il cite d’autres troubles qui atteignent dis­pro­por­tion­nel­le­ment les hommes et qui, à son sens, sont inclus dans les causes, mises en avant par la campagne : « les calculs rénaux ne sont pas spé­ci­fiques aux hommes, mais ces derniers sont plus sus­cep­tibles d’en avoir. Quand j’étais enfant, j’ai vu mon père souffrir des calculs rénaux. Il a été très affecté par cette maladie. Et par extension, cela m’a énor­mé­ment marqué. » 

    Emre rappelle la mission prin­ci­pale de Movember : « il ne s’agit pas d’un challenge, mais d’un moyen de sen­si­bi­li­sa­tion. En plus, il rit, la moustache me va bien ! »

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