Le 13 septembre, l’Azerbaïdjan a lancé de nouvelles offensives sur le territoire arménien. Si l’événement est peu apparu dans la presse hexagonale, les Arméniens installés en France, eux, vivent chaque jour dans la peur de la guerre.
Alina, 36 ans, nous accueille chez elle, à Lille. Cette arménienne est arrivée en France en 2009 pour suivre son mari. Depuis la guerre du Haut-Karabakh en 2020, elle suit les conflits, le cœur lourd : « On nous demande pourquoi on pleure cette guerre, alors que nos familles sur place ne sont pas directement touchées. Mais, pour nous, chaque personne arménienne fait partie de notre famille. En tout cas, dans notre cœur. »
À ces deux enfants scolarisés en France, elle explique cette guerre entre son pays et l’Azerbaïdjan. « Nos enfants sont encore petits mais ils comprennent ce qu’ils voient à la télé, ce que nous disons avec mon mari. C’est très important pour nous qu’ils n’oublient pas l’histoire d’où nous venons. » L’été dernier, Alina est partie cinq semaines en Arménie pour retrouver sa famille. « Le pays est triste et en deuil. En perdant des soldats, l’Arménie a perdu des enfants ».
Déchirée entre deux conflits
Avec son léger accent, Alina parle de son pays les yeux humides. Des larmes ? De l’espoir ? Une chose est sûre, l’envie de retourner en Arménie se fait parfois fortement ressentir, « mais on pense à nos enfants. En ce moment, être là-bas est synonyme de danger ».
Alina pense à la guerre en Arménie, mais elle doit également penser à celle d’Ukraine. Une partie de sa famille vit en Russie depuis 2016. Son frère est aujourd’hui dans l’obligation de rester sur le territoire russe pour servir leurs armées. « Mon frère, mes cousins… ils sont obligés de faire la guerre. On prie Dieu pour que cela cesse. »
« Le soir, on n’arrive pas à dormir. » Sur le site Telegram, les Azerbaïdjanais postent des vidéos où ils torturent les soldats arméniens. Alina et sa famille regardent également les chaînes arméniennes qui parlent davantage du conflit arménien que les chaînes françaises, avec cette impression que les Français ne comprennent pas son mal-être. « On doit le vivre pour le comprendre. »
La crise frontalière arméno-azerbaïdjanaise
Les relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont toujours été confluctuelles en raison du statut du Haut-Karabagh. La région était autant peuplée d’Arméniens que d’Azerbaïdjanais. La guerre a éclaté en 2020 pour se disputer le territoire. Avec l’accord de cessez-le-feu, l’Azerbaïdjan prend procession du Haut-Karabagh. Le 12 mai 2021, les soldats d’Azerbaïdjan traversent la frontière pour occuper certaines régions. Commence alors la crise frontalière arméno-azerbaïdjanaise, toujours en cours actuellement. Dernièrement, dans la soirée du 12 septembre, les deux pays se sont engagés dans des combats tout le long de la frontière. Le 15 septembre suivant, un accord de cessez-le-feu aurait été conclu selon le gouvernement arménien, une information qui n’est toujours pas confirmée par l’Azerbaïdjan.