Personne ne s’y attendait. Pourtant, il a détrôné Barbie à la 81e cérémonie des Golden Globes. Le dernier film de Yórgos Lánthimos est bien parti pour s’imposer aux prochains Oscars face à la célèbre poupée blonde. Un film à découvrir le 17 janvier dans les salles.
Une intrigue unique en son genre
Sans nul doute que derrière Pauvres créatures, Yórgos Lánthimos a été influencé par le classique Frankenstein de Mary Shelley. Pourtant, c’est bien du roman Pauvres créatures de l’écrivain écossais Alasdair Gray qu’est adapté le scénario du dernier film du réalisateur grec.
Pauvres créatures, c’est l’histoire de Bella Baxter (Emma Stone), jeune femme enceinte qui se suicide pour échapper à son mari violent. Le docteur Godwin Baxter (Willem Dafoe), savant scientifique complètement fou, décide alors de la ramener à la vie. Comment ? En remplaçant son cerveau par celui de son enfant mort-né ! Avide de découvrir le monde, elle va s’enfuir avec Duncan Wedderburn (Mark Ruffalo), avocat à la morale plus que douteuse. Bella va alors s’émerveiller de tout, explorer ses désirs les plus profonds et étancher sa soif intarissable de savoir.
Un film résolument moderne
Même si de prime abord, le docteur et sa créature est une histoire vue et revue (près d’une centaine d’adaptations cinématographiques), la mise en scène de son réalisateur apporte du renouveau et un aspect déjanté à l’histoire. Le film est ponctué de décors fantastiques dans une Europe victorienne presque dystopique. Visuellement, c’est un régal pour les yeux !
Dans une première partie en noir et blanc, on observe une femme à la vision du monde limitée. Ou plutôt une enfant piégée dans le corps d’une femme. Elle doit tout réapprendre : marcher, parler, se comporter en société… Ce qu’elle connaît, c’est ce que son bourreau lui impose. Mais Bella apprend. Et elle apprend vite.
Puis vient le passage à la couleur qui sonne comme le début d’une forme d’extase pour Bella. L’envie d’explorer le monde s’empare d’elle comme du spectateur qui reste stupéfait par les paysages. Là est donc toute la beauté d’un être humain vierge de toute expérience sociale. Son absence de filtre régale le spectateur : sa sexualité, ses pensées, ses actes ne sont plus du fait des hommes qui l’entourent, mais de son fait à elle. Son interprète l’explique auprès de Léa Salamé : « Elle est un personnage qui n’a pas d’histoire, de passé, elle n’éprouve aucune honte et ne se juge pas elle-même […] elle a une curiosité très aigüe de ce que tout le monde peut lui offrir et de la place qu’elle veut incarner dans le monde ».