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    Pêche à la crevette à cheval : une tradition à l’épreuve du temps

    À Coxyde, sur la côte belge, douze familles per­pé­tuent une tradition ances­trale : la pêche à la crevette à cheval. Une technique unique au monde, classée depuis 2013 au patri­moine imma­té­riel de l’UNESCO. Un véritable voyage dans le temps, aussi spec­ta­cu­laire que touchant de simplicité.

    « Il y a encore des jeunes qui aiment la pêche ! ». Eddy, ancien pêcheur observe la mer, heureux de voir sa passion se trans­mettre à travers les âges. Mardi 24 octobre, sur la plage d’Oosduinkerke, à Coxyde, se prépare l’une des dernières sessions de pêche de la saison. Au cœur de l’après-midi, la mer s’est retirée au loin. Il faut traverser l’immense banc de sable pour pouvoir observer de plus près la beauté du tableau. Des cavaliers en cirés jaunes, pêchent la crevette grise. Leurs chevaux foulent l’écume en tirant derrière eux de grands filets. Un spectacle excep­tion­nel, qu’il n’est possible de voir qu’ici, sur le rivage de cette commune flamande de Belgique.

    La pêche à la crevette à cheval occupe une place pré­pon­dé­rante dans le patri­moine culturel de la ville de Coxyde.
    ©Adélie Clouet d’Orval.

    500 ans plus tard, la tradition perdure

    Les premiers récits de pêche à la crevette à cheval remontent au XVIe siècle. À l’époque, elle était pratiquée par des pêcheurs venus d’Islande. « Ils louaient des terrains avec des maisons dans la région. Lorsqu’ils n’étaient pas en mer, ils pêchaient sur le littoral et vendaient leurs crevettes aux moines de l’Abbaye de Coxyde » raconte Eddy. La pêche à la crevette à cheval se répand alors du nord de la France jusqu’en Angleterre. À partir du XVIIIe siècle, les scien­ti­fiques s’inquiètent de cette inten­si­fi­ca­tion et alertent sur les dégâts qu’elle pourrait causer pour les fonds marins. Au XIXe siècle, si la pêche à la crevette est interdite à grande échelle, elle est consacrée à d’autres usages. « Les laitiers, les char­bon­niers, les fermiers qui avaient un cheval conti­nuaient à pêcher la crevette, mais pas pour la vendre. Les crevettes étaient utilisées comme engrais pour les champs » explique Eddy. Aujourd’hui, il ne reste que douze familles qui per­pé­tuent la tradition. Bien qu’ils aient un métier à côté, ces pas­sion­nés conti­nuent de pêcher par amour pour la mer et les chevaux. Selon Eddy, c’est un héritage qui se transmet de géné­ra­tion en géné­ra­tion. Il est d’ailleurs fier de voir de plus en plus de jeunes s’y inté­res­ser : « Moi j’ai plus de 80 ans, je ne pêche plus, mais mon beau-​fils s’y met ! ». Pour les habitants de Coxyde, cette coutume est un vrai moteur de cohésion qui cris­tal­lise une identité cultu­relle commune.

    Les enfants des écoles alentours viennent observer atten­ti­ve­ment les pêcheurs.
    ©Adélie Clouet d’Orval.

    Une technique unique au monde

    Au fil du temps, le matériel utilisé par les pêcheurs a quelque peu évolué. La technique, elle, est restée quasiment la même. Les bra­ban­çons, une race de chevaux de trait belge, avancent paral­lè­le­ment à la côte en tirant un grand filet en forme d’entonnoir. Deux planches de bois per­mettent de maintenir le filet ouvert. Une grande chaîne racle le font pour créer des vibra­tions qui attirent les crevettes dans le filet. Le pêcheur revient ensuite sur la plage pour vider son filet. Grâce à un tamis en métal, il trie le fruit de sa récolte et remet à la mer les poissons et les crabes. Les crevettes grises sont versées dans des paniers en osier. « Une session de pêche, c’est huit ou dix kilos de crevette par cheval » estime Eddy. Une fois la pêche terminée, les crevettes sont cuites et dégustées. Certains jours, elles sont fraî­che­ment cuisinées sur la jetée, ce qui permet aux habitants et aux touristes d’en profiter.

    Les paniers en osier, les filets avec leurs planches de bois sont les outils utilisés par les pêcheurs. ©Adélie Clouet d’Orval

    L’impact du réchauf­fe­ment climatique

    La parfaite incli­nai­son de la pente, du sable à perte de vue sans obstacles pour les chevaux, la plage d’Oosduinkerke réunit les condi­tions idéales pour cette forme de pêche côtière. Pourtant, chaque année, la crevette grise se fait de plus en plus rare. Ce jour-​là, les pêcheurs ne semblent pas très satis­faits de leur butin. « On a juste assez de crevettes pour nourrir les poissons des aquariums » s’amuse Gunther, pêcheur lui aussi. Cela s’explique notamment par la tem­pé­ra­ture de l’eau. « L’eau est trop chaude. Elle a au moins sept ou huit degrés de trop ! » regrette Eddy. Normalement, la saison s’étend d’avril à la fin du mois d’octobre. Cette année, il faudra s’adapter et peut-​être même étaler la saison jusqu’en décembre. Des obser­va­tions pour le moins inquié­tantes qui témoignent de l’impact des dérè­gle­ments cli­ma­tiques actuels.

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