Pollution, polluer, ces termes sont dans toutes les matinales et tous les JT. Mais qu’est-ce que c’est, au fond, la pollution ? Qui pourrait en donner une définition précise ? Peut-être Jean-Marc Jancovici, professeur à l’École des Mines et cofondateur de Carbone 4 et du « think tank » The shift Project.
C’est la Une du magazine The Economist du mois de novembre : Au revoir les 1,5°C. Les promesses de la classe politique mondiale, la main sur le cœur, lors de la COP21, partent en fumée au même titre que les forêts françaises. Mais pourquoi l’humanité pollue ? Jean-Marc Jancovici a donné des pistes de réponse lors de sa conférence à l’Université Catholique de Lille.
C’est dans la nature de chaque être vivant de polluer son espace de vie. Car polluer, finalement, c’est « changer d’état des éléments de notre environnement ». À ce titre, un écureuil qui laisse ses coquilles de noisettes au sol pollue. « Ne pas polluer, c’est ne strictement rien faire. Dès que de l’énergie est déployée, même notre énergie musculaire, il y a de la pollution car un changement d’état est opéré » rappelle en préambule Jean-Marc Jancovici.
Tout autour de nous est pétrole
Mais ce n’est pas ce que l’on nomme communément pollution. Ce miasme gris, qui couvre les villes et tapisse nos poumons, c’est du CO2. On va au travail en voiture, on part en vacances, en avion. Notre thé, notre pull, notre ordinateur ont demandé des énergies fossiles pour être produits. Levez le nez de cet article et regardez autour de vous. Qu’est-ce qui n’a pas nécessité d’énergie pour arriver jusque chez-vous ? Qu’est-ce qui n’a pas pris le camion, l’avion ? Qu’est-ce qui n’a pas nécessité l’usage d’une machine à un moment donné ? Tout autour de nous est pétrole, tout autour de nous est « made in carbone ».
C’est ça notre problème (bon, c’est pas le seul) : tout notre confort moderne est dû à notre super pouvoir à nous, l’humanité : les machines. Qu’est-ce qui fait tourner une machine ? Des énergies, fossiles ou non « des croquettes pour machines » comme aime le dire Jancovici.
L’énergie, nous permet de manger et de vivre
« « L’Humanité consomme des énergies fossiles «, non, les humains ne mangent pas au petit déjeuners des pépites de charbon. Ce sont nos machines qui les consomment » pour transformer le monde qui nous entoure. De la terre naît un épi de blé grâce aux tracteurs et usines à engrais. Le réchauffement climatique, ou plus exactement dérèglement climatique, est dû à la somme de ces pollution au CO2.
« Tout ce que nous faisons pour nous nourrir est de la pollution car cela nécessite de modifier notre environnement », explique l’ingénieur. « Mais les hommes ne l’ont pas toujours fait dans un sens qui met en péril la vie sur terre. C’est ça qu’il faut éviter. »
Si notre pollution nous mène tout droit vers le désastre, pourquoi on continue ? C’est l’objet du deuxième article de la trilogie consacrée à la conférence de Jean-Marc Jancovici à l’Université Catholique de Lille.