Julien Assange, ancien rédacteur en chef de Wikileaks, est poursuivi depuis 2010 pour avoir révélé des informations classées secret défense sur le gouvernement américain. Ce mardi 20 et mercredi 21 février, s’est donc déroulée l’audience administrative du procès de Julien Assange au Royaume-Uni où les juges décideront de son extradition aux Etats-Unis. Réponse le 5 mars.
Une affaire qui dure depuis plus de 10 ans
En 2010, Wikileaks publie des documents classifiés américains sur la guerre en Irak avec notamment une vidéo intitulée Collateral murder (« meurtre collatéral ») filmant le raid aérien du 12 juillet 2007 à Bagdad puis une autre révélant les crimes de guerre des Etats-Unis et de leurs alliés dont le Royaume-Unis en Afghanistan. Les autorités américaines ont alors lancé une enquête pour « espionnage » contre Wikileaks et ont lancé la chasse à l’homme.
En liberté surveillé entre 2010 et 2012 au Royaume-Uni, il manque de se faire extrader vers la Suède à la suite d’une accusation de « délit sexuel » mais se réfugie le 19 juin 2012 à l’ambassade d’Equateur à Londres où il y vivra pendant 7 ans (il sera naturalisé le 12 décembre 2017).
Le 11 avril 2019, le président équatorien Lenín Moreno annonce le déchoir de sa nationalité équatorienne et met fin à son droit d’asile. Il est donc arrêté le jour même par les autorités britanniques où il est condamné à 50 semaines de prison pour violation des conditions de sa liberté provisoire en 2012.
Le 23 mai 2019, les Etats-Unis inculpent Assange pour « espionnage » où il encourt jusqu’à 175 ans de prison.
Deux jours d’audience
Durant ces 2 jours, une infatigable manifestation a apporté son soutien à Julien Assange. Stella Assange, l’épouse du journaliste, son frère Gabriel Shipton, le responsable de WikiLeaks Kristinn Hrafnsson, l’ancien chef du parti travailliste Jeremy Corbyn et bien d’autres se sont adressés à eux depuis une estrade installée à une dizaine de mètres de l’entrée du tribunal. « Julian est un prisonnier politique et sa vie est en danger, a lancé mardi Mme Assange. Ce qui est arrivé à Navalny peut arriver à Julian. Il doit être libéré et cette farce doit prendre fin ».
Le mercredi 21, Clair Dobin, l’avocate de l’équipe judiciaire américaine, a soulevé plusieurs points en faveur de l’extradition du journaliste australien aux Etats-Unis. Selon elle, le travail de Julian Assange et de WikiLeaks ne pouvait être considéré comme du journalisme. Son responsable a en effet fait bien plus que de « faire un travail de journaliste, c’est-à-dire de collecter des informations » car il a donné des conseils au soldat américain Chelsea Manning afin qu’il protège son identité avant de télécharger des documents et lui demandé d’en télécharger d’autres pour lui.
Certaines des informations compromettantes dévoilées par Assange auraient aussi « affecté le travail des équipes du renseignement américain et de l’armée américaine » selon Washington, toutefois, Ed Fitzgerald, l’avocat du journaliste, rappelle que les Etats-Unis n’en ont toujours pas rapporté la preuve.
Enfin, Clair Dobbin a avancé que lors de la traduction du traité d’extradition entre Londres et Washington dans la loi britannique, les députés de la Chambre des communes « ont volontairement omis » les crimes d’opinion politique de ses exceptions, qui figuraient initialement alors que seule cette version doit être utilisée. Ainsi, même si cette requête américaine devait être reconnue comme « politique », l’extradition ne doit pas être refusée. Une vision fortement contestée par les avocats de l’accusé.
Après ces 2 jours d’audience, les juges se sont retirés afin de débattre quant au sort de Julien Assange. Selon Stella Assange : « Il est apparu évident que les États-Unis présentent de plus en plus le journalisme comme un crime et que le Royaume-Uni ne veut pas offusquer son allié ». Elle perçoit néanmoins une note d’espoir : « Contrairement à leurs prédécesseurs, les juges de ces audiences ont posé des questions, ont creusé les différents points présentés ».
Le verdict ne sera cependant pas annoncé avant le 5 mars.