Jeudi dernier, la série « Hal & Harper » a été présentée au festival Série Mania à Lille en présence de l’équipe du film. Ce projet créé, écrit et réalisé par Cooper Raiff, marque un tournant dans sa carrière en l’amenant pour la première fois vers le format sériel. À travers huit épisodes à la fois drôles et poignants, « Hal & Harper » dresse le portrait d’un frère et d’une sœur dont la relation fusionnelle oscille entre complicité attendrissante et dépendance toxique.
Dès leur première interaction, le ton est donné : à 3 heures du matin, Hal (Cooper Raiff) escalade la fenêtre de la chambre de sa sœur Harper (Lili Reinhart) pour l’emmener chez McDonald’s. Ce moment suffit à révéler la dynamique singulière qui les unit. Sans aucune limite entre eux, ils se parlent en permanence et sont au centre de la vie l’un de l’autre, au point d’en délaisser le reste.
L’intrigue suit Hal, étudiant sans grande motivation pour son cursus universitaire, et Harper, engluée dans un travail de bureau sans âme et une relation amoureuse dont elle ne parvient pas à se détacher. Plutôt que d’affronter les responsabilités de l’âge adulte, ils préfèrent se réfugier dans leur bulle régressive. Leur père (interprété par Mark Ruffalo), simplement appelé « Dad », les aime profondément, mais son repli émotionnel ne leur offre aucun véritable soutien. L’écriture de Raiff, habile et subtile, est portée par des dialogues mordants et sans détours, accentuant l’attachement que l’on éprouve pour ces personnages. « Hal & Harper » oscille entre une douceur et une dureté frappante, toujours centrée sur les dynamiques familiales.
Le passé, au cœur du présent
Tout au long de ces huit épisodes, Harper incarne pleinement son rôle d’aînée, éprouvant à la foi de la tendresse et de la lassitude envers Hal, tandis que ce dernier, enfantin et attachant, suscite autant d’empathie que d’exaspération. Leur relation semble figée dans le passé, et il devient vite évident qu’un événement tragique est à l’origine de cette immaturité persistante.
Les premiers flashbacks offrent des aperçus furtifs de leur enfance, avec un père dépassé tentant tant bien que mal de les élever. Ces souvenirs, qui ressurgissent tout au long de la série, retracent le jour où leur existence a basculé. Peu à peu, ces retours en arrière s’allongent et prennent une tournure originale : Hal et Harper enfants sont toujours incarnés par Cooper Raiff et Lili Reinhart adultes. Raiff adopte des gestes maladroits et un regard émerveillé, imitant à la perfection un enfant de sept ans, tandis que Reinhart, malgré sa stature imposante dans une salle de classe miniature, conserve les mimiques et réflexions d’une adulte.
Ce procédé narratif illustre à merveille l’idée que Hal et Harper n’ont jamais eu d’enfance et, paradoxalement, n’ont jamais cessé d’être des enfants. Leur développement émotionnel s’est figé au moment du drame, et la série en fait un motif récurrent. Ce qui fait la réussite de la série, c’est avant tout la justesse du drame familial qui la sous-tend. À travers un récit émouvant et finement écrit, Raiff livre une œuvre à la fois douce et amère, drôle et poignante, qui confirme son talent pour raconter des histoires d’une sincérité rare.