Plus de cadeaux, plus de festins, plus de déchets : la période de Noël est le miroir d’une société de consommation toujours plus exubérante. Derrière la magie et les traditions enneigées, se cache une réalité souvent ignorée avec des ressources naturelles surexploitées, et une empreinte carbone qui explose.
Le Père Noël, roi de la surenchère
Un sapin bien fourni le soir du 24 décembre, c’est le rêve de tout enfant. L’impatience grandit depuis des mois, la liste au père Noël est soigneusement rédigée et envoyée dès les premiers flocons de neige tandis que les parents se sont démenés pour trouver le cadeau manquant. Mais les années passent et la montagne de jouets ou de gadgets en tout genre devient de plus en plus importante, reflétant une consommation à outrance souvent indissociable des fêtes de fin d’année avec son lot de déceptions à la clé…
Cette superbe télévision dernier cri que l’on souhaitait tant a finalement été remplacée par un bien moins impressionnant grille-pain, que l’on finira certainement par retourner dès le lendemain. Un phénomène courant qui s’était encore démontré le 25 décembre 2022, lorsque l’entreprise de revente Rakuten France enregistrait déjà plus de 650 000 nouvelles annonces sur son site Internet à 15 heures. Des plaisirs éphémères qui se perdent souvent parmi une tonne d’objets insolites, dont 61 millions de jouets distribués chaque année et 12 millions d’entre eux non utilisés, selon France Info.
Une empreinte carbone qui n’en finit plus d’exploser
Des excès qui ne se limitent pas aux cadeaux, mais s’étendent à d’autres domaines, comme le gaspillage alimentaire, dû à des menus toujours plus copieux. Certains mets à l’honneur sont souvent jugés comme peu éthiques, en contribuant à l’élevage intensif des bêtes particulièrement le foie gras, au cœur de nombreuses polémiques ces dernières années. À cela s’ajoute le fait que le festin soit rarement terminé jusqu’à sa dernière bouchée, accentuant le gâchis alimentaire. On estime qu’environ 76 kilotonnes de nourriture sont jetées sans être consommées, ce qui équivaut à 3 kg par ménage.
Les rues illuminées n’arrangent en rien une addition déjà salée, en consommant une quantité d’électricité colossale pendant des semaines. Résultat : 6,3 millions de tonnes de CO2 émis par les Français à cette période soit 1% de l’ensemble des émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES), selon l’Agence de la transition écologique.
Malgré l’émergence d’une nouvelle conscience écologique, ces chiffres exorbitants, peinent à baisser. Les Français se battent tout au long de l’année avec la baisse du pouvoir d’achat, mais refusent de renoncer à un Noël digne de ce nom. En période de festivités, on veut oublier les conflits, les souffrances, y compris les préoccupations liées au réchauffement climatique … Même si une large part de la population se dit sensible aux questions environnementales, la fièvre des fêtes se veut plus forte.
Alors si la fin d’année rime avec joie et exubérance, elle rime désormais avec excès et surconsommation, sur une planète aux ressources déjà saturées tout au long de l’année. Il serait peut-être temps de repenser nos modes de consommation et de les appliquer l’hiver venu en trouvant de nouvelles alternatives éco-responsables.
Papiers recyclables, décorations durables, moins d’huîtres sur la table et des cadeaux privilégiant la qualité à la quantité, elle est peut-être là, la véritable magie de Noël…