Intégré au projet du budget de l’Etat, un amendement prévoit la création d’une fiscalité sur
les produits de la cigarette électronique. Une situation qui ne plaît pas aux distributeurs.
Il ne devrait pas y avoir de hausse des prix du tabac en 2025. En revanche la cigarette
électronique pourrait bien en être « victime ». Un amendement porté par le député centriste
Charles de Courson propose de créer une fiscalité dédiée aux produits de vapotage. A l’heure
actuelle, ces derniers sont taxés par la TVA de la même manière que les produits de
consommation courante. Aujourd’hui en France, environ 3,5 millions de personnes vapotent
quotidiennement et pourraient se retrouver impacter par cette mesure. La principale
conséquence serait une augmentation des liquides insérés dans les cigarettes électroniques à
hauteur de 15 centimes par millilitre. De ce fait, un flacon de 10 ml qui coûte en moyenne
5,90€ pourrait subir une augmentation de 1,50€ et passer à 7,40€.
Une bonne nouvelle d’un point de vue santé ?
Le fait de limiter ou de mettre totalement un terme à la consommation de tabac et des
cigarettes classiques est l’une des principales raisons qui poussent les consommateurs vers
les vapoteuses. Celles-ci contiennent généralement toujours de la nicotine, une substance
addictive, mais dont la concentration peut varier selon les préférences de son utilisateur.
« J’ai arrêté la cigarette pour passer à ça, mais je garde mon taux de nicotine à 6, ce qui
correspond à une cigarette classique » confirme une étudiante. De ce point de vue,
l’argument de la santé ne semble pas convaincre les commerçants. « On vape pour ne pas
fumer. Donc taxer seulement la vape serait contre-productif. On inciterait les gens à
retourner vers le tabac » explique Benjamin, travaillant pour le magasin Vaporama. Les
distributeurs affirment en plus, que leurs produits se différencient de manière bien distincte
des puffs (cigarette électronique à usage unique), dont le public est parfois constitué de
personnes très jeunes. « Je n’ai jamais vendu de vapoteuse à un mineur, on vérifie
systématiquement les pièces d’identité » affirme Julien, vendeur d’une autre enseigne.
La crainte d’un marché noir
Derrière la simple frustration de la hausse des prix se trouvent une véritable peur de voir les
clients s’orienter vers des méthodes moins conventionnelles. Le liquide en question est
constitué de propylène glycol et de glycérine végétale, deux produits disponibles en
pharmacie, ainsi que d’un arôme et de nicotine. En conséquence de cette taxe, les
commerçants craignent le développement d’un marché noir avec du liquide fabriqué de
manière artisanale par ses utilisateurs. « Ca va encourager un marché noir et les gens vont se
mettre à vapoter tout et n’importe quoi. Si c’est mal fait, ça peut être très dangereux »
explique Manon, une autre vendeuse. Pour autant, certaines personnes affirment qu’elles
préfèreront toujours acheter en magasin pour la qualité et la fiabilité des produits. « J’ai déjà
fabriqué mes liquides moi-même, mais je trouve que dans certains magasins, il y a une vraie
plus-value et un effort de confection au niveau des goûts » affirme Basile, consommateur du
magasin Le Petit Vapoteur à Lille. Selon les chiffres de vente, les résultats de cet
amendement pourraient rapporter entre 150 et 200 millions d’euros par an.