C’est un engouement surprenant pour une destination sous tension. Alors que l’Afghanistan est sous le contrôle des talibans depuis 2021 et que la communauté internationale déconseille formellement de s’y rendre, certains influenceurs spécialisés dans les voyages extrêmes font de ce pays une nouvelle destination tendance. À travers leurs vidéos, ils cherchent à montrer un autre visage de l’Afghanistan, suscitant de nombreuses réactions.
Ces derniers mois, plusieurs créateurs de contenus américains et canadiens ont surpris leur audience en choisissant l’Afghanistan comme destination de vacances. Si partager son expérience de voyage sur YouTube ou Instagram est une pratique courante, promouvoir un pays contrôlé par les talibans l’est nettement moins. Pourtant, depuis leur retour au pouvoir en 2021, un nombre croissant d’influenceurs adeptes des voyages extrêmes s’y aventurent, défiant ainsi les recommandations des gouvernements occidentaux.
L’Afghanistan désormais en vogue ?
Le Youtubeur canadien Nolan Saumure, alias « Seal on tour », a passé une semaine en Afghanistan, accompagné d’un guide local. À travers ses vidéos, il cherche à montrer « l’autre visage de l’Afghanistan », mettant en avant la beauté naturelle du pays et l’hospitalité de ses habitants, en opposition aux représentations médiatiques occidentales.
Dans sa vidéo intitulée « L’Afghanistan a trop de testostérone », visionnée près de 300 000 fois, ou encore « Se lier d’amitié avec les talibans dans l’oasis touristique de l’Afghanistan », visionnée 117 000 fois, il décrit un pays où l’ambiance masculine serait festive. « Toute la journée, il n’y a que des mecs qui font la fête », affirme-t-il à ses 650 000 abonnés, allant jusqu’à qualifier le pays de « véritable fête de la saucisse ».
Un discours qui divise
Depuis le retrait des troupes américaines en 2021, plusieurs influenceurs ont tenu un discours similaire, contestant la vision médiatique occidentale et louant l’Afghanistan sous contrôle taliban. Cette tendance, soulève de vives interrogations sur la responsabilité des créateurs de contenu dans la promotion de destinations sensibles.
Pour rappel la condition des femmes dans ce pays est plus que déplorable, leurs droits ayant été drastiquement réduits. Elles sont progressivement exclues de la vie publique, privées d’éducation au-delà du niveau primaire, interdites de nombreux emplois et soumises à des restrictions sur leurs déplacements.
Toutefois, pendant son séjour, le Youtubeur s’adonne à diverses activités touristiques, allant du pédalo sur un lac pittoresque à des rencontres avec des talibans, qu’il surnomme affectueusement « Talibros » – une contraction de « talibans » et « brother » (frère en anglais). Un terme qui, à lui seul, illustre la légèreté avec laquelle certains influenceurs abordent un contexte politique et social pourtant lourd de conséquences.