Avec ses prix cassés et ses offres « à ne pas manquer », le Black Friday symbolise une période de frénésie chez les consommateurs avant les fêtes de fin d’année. Christophe Duthoit, professeur en économie à l’Université Catholique de Lille, analyse ce phénomène marketing.
Le Black Friday c’est quoi ?
C’est un pur produit marketing. Pendant une semaine, les entreprises distillent l’envie d’acheter. On suscite le besoin là où il n’y en pas forcément. C’est un phénomène créé de toute pièce. Le Black friday est l’exemple parfait de la société de consommation à outrance. De plus, en France, on est un pays de désindustrialisation. On se repose sur la consommation et on ne produit plus rien.
Comment réagit le consommateur face à ce phénomène ?
C’est comme pour les soldes, les magasins provoquent un sentiment de frustration chez les consommateurs. On ne veut pas rater la bonne affaire. Par exemple, il y a dix ans, tout le monde voulait sa propre tireuse à bière. Les prix étaient cassés à toutes les occasions. Mais est-ce que c’était vraiment un achat utile ? Non, les entreprises ont juste persuadé des milliers de Français qu’ils en avaient besoin. Je reste certain que la tireuse à bière vieillit aujourd’hui au fond d’un placard…
Quel est l’impact sur les petits commerces ?
L’impact est désastreux pour eux. Comme les consommateurs se tournent vers les leaders du marché, les petits en pâtissent. Et forcément, ils ne peuvent pas suivre la tendance en cassant les prix pendant quelques jours.
Le Black friday influence-t-il les ventes pour les fêtes de fin d’année ?
Ce qui est pris est pris. Le Black friday reste indépendant des fêtes de fin d’année. L’objectif des magasins est de faire du chiffre, rien d’autre.
Pensez-vous que la popularité du Black friday peut durer ?
Aujourd’hui, le Black friday est sur une pente ascendante. C’est le nouvel évènement qui s’ajoute aux soldes. Ces dernières s’essoufflent et sont sur une crête descendante. Plus tard, il y aura un nouveau phénomène qui le remplacera. Mais pour le moment, les entreprises n’ont pas le choix : elles doivent suivre le mouvement.