Plats végétariens, repas équilibrés : les cantines des écoles publiques lilloises misent sur plus de diversité dans l’assiette. Christopher Robbe, diététicien nutritionniste, a analysé si les menus concoctés chaque jour étaient adaptés aux exigences du 6e rapport du GIEC sur l’alimentation.
Une baisse de la production de lait, les élevages impactés par l’augmentation des températures en basse latitudes, des agents pollinisateurs moins efficaces : le rapport du GIEC sur l’alimentation et la santé est formel, le réchauffement climatique aura de larges conséquences sur notre manière de nous nourrir. Nos habitudes alimentaires d’aujourd’hui ne pourront plus être possibles demain et la nouvelle génération doit vite prendre de bonnes habitudes.
« Le repas du midi est peut-être le seul équilibré que les enfants vont avoir »
À Lille, la mairie a déjà enclenché ce tournant écologique avec l’obligation d’avoir un repas végétarien chaque semaine : dans les cantines des écoles publiques il y en en a deux. Les produits biologiques et les circuits courts sont également privilégiés, ce que souligne Christopher Robbe, diététicien nutritionniste du nord de Lille : « En septembre, dans les écoles, il y a eu environ 50% des repas composés de viande, 20% de poisson, 20% végétariens et environ 10% à base d’œufs, sur le papier cela semble correct mais il y a encore des choses à revoir. » Sur les vingt repas analysés, tous contiennent des produits laitiers, souvent consommés en surabondance par l’expert en nutrition : « En plus de la viande, cela fait beaucoup de protéines pour un enfant, surtout que la plupart ont également un yaourt ou un bol de lait le matin. Mais quand on est diététicien à la mairie de Lille, on ne sait pas ce qu’il se passe pour les élèves à la maison. Le repas du midi est peut-être le seul équilibré que les enfants vont avoir. »
« On ne pourra plus consommer des produits animaux comme on l’a fait »
Christopher Robbe insiste sur l’importance de varier les produits, une habitude à prendre dès maintenant pour anticiper le manque d’abondance de certains aliments dans le futur. Les fruits à coque, par exemple, peuvent en partie compenser les besoins en calcium à la place des produits laitiers, qui se feront plus rares en fonction de l’augmentation des températures. Les cantines lilloises pourraient travailler davantage sur la variation des produits : plus de sojas, de tofu, d’œufs. Le diététicien se veut réaliste sur l’urgence de changer notre façon de nous nourrir, et ce dès le plus jeune âge : « On ne pourra plus consommer des produits animaux comme on l’a fait, sur quatorze repas, il en faudrait dix de végétariens si l’on veut sauver le monde. »