Depuis la fin des années 1990, Calais est devenu l’un des principaux points de tension migratoire en Europe. Plus de trente ans plus tard, les associations continuent de fournir leur aide à ces personnes exilées en transit. À l’auberge des migrants, un immense hangar situé à l’entrée de Calais, plusieurs associations œuvrent ensemble. De project play à refugee women kitchen, les bénévoles jouent un rôle bien précis dans un quotidien fait d’urgence et de solidarité. Reportage.
Un refuge pour les associations solidaires
« On en est à fabriquer des chaussettes avec des couvertures de survie. » C’est ce qu’affirme Axel, l’un des trois coordinateurs de l’association Utopia 56 à Calais, se tenant devant de grandes étagères en bois où sont stockés des vêtements, des couvertures de survie et des tentes dans l’Auberge des Migrants. Contrairement à ce que son nom laisse supposer, ce grand hangar accueille en réalité des centaines de bénévoles qui œuvrent tous en faveur des migrants présents à Calais et dans la région. Il ne s’agit pas d’un lieu d’hébergement pour les personnes exilées mais plutôt d’une ruche effervescente où s’activent les bénévoles, ces anges gardiens qui ne comptent pas leur temps. D’après les associations, plus de 1 000 personnes exilées vivent à Calais et 4 000 le long du littoral, dans des campements de fortune, un nombre jamais atteint depuis « la Jungle » démantelée en 2016. Alors dans ce hangar, les associations ont décidé de travailler ensemble. Dans les grandes allées, Axel explique : « On est comme une grande fourmilière, chacun à son rôle, Utopia 56, Project Play, Refugee Women Center, Collective aid, Woodyard… »
Pour chaque association, une mission bien définie
Chaque recoin du vaste entrepôt est une ruche d’activité, où les associations semblent s’imbriquer naturellement. Il n’y a pas de hiérarchie visible, juste une chaîne de solidarité qui prend forme et se réinvente chaque jour. Dans une ambiance bon enfant, des groupes assemblent des kits de soins d’urgence : compresses, antiseptiques, pansements, tout ce qu’il faut pour les blessures inévitables causées par la vie dans des conditions si précaires. Les odeurs de cuisine flottent dans l’air, réchauffant la « warehouse ». Visible dès l’entrée, l’association Refugee Women Kitchen prépare des repas chauds, répartis dans des barquettes prêtes à être distribuées. Les rires des bénévoles tranchent avec la rudesse de la réalité. Ils savent que le soir, sous la pluie ou le vent du littoral, chaque plat chaud fera une différence. Dans un autre coin du hangar, des jeux pour enfants s’empilent jusqu’au plafond. L’association Project Play s’est lancé la mission d’égayer le quotidien de ces enfants en exil qui n’ont connu que les déplacements, la peur et la faim. Bien que brefs, ce sont des parenthèses nécessaires dans un quotidien aussi rude.
Des bénévoles présents toute l’année
Dans cette atmosphère frénétique mais chaleureuse, le hangar devient un espace d’entraide, où chacun semble travailler d’un seul élan. « Ici, on ne peut pas se permettre de se relâcher, les besoins sont trop grands », confie Axel. Tout le monde le sait : les stocks se vident rapidement, et la demande dépasse souvent les moyens. Mais ils continuent, toujours, avec la certitude que chaque geste compte. Maintenant, l’Auberge des migrants se prépare pour l’hiver, une période que tout le monde appréhende.