L’Europe peine à surmonter chacune des crises successives que l’on constate depuis le COVID. Finalement, l’élection de Donald Trump le 6 novembre a mis un coup de pied dans la fourmilière : l’Europe risque de se retrouver esseulée sur la scène internationale, avec un cœur malade : l’Allemagne.
En fer de lance des décisions de la commission européenne, l’Allemagne a subi de plein fouet la crise sanitaire, la guerre en Ukraine, l’inflation et l’explosion des prix de l’énergie. Le socle des décisions prises reposait principalement sur l’alignement à la politique américaine du camp démocrate (coupure totale avec la Russie, importation de gaz de schiste, soutien financier à l’Ukraine, etc). Désormais, avec la perspective de se retrouver confrontée aux conséquences de ses choix, l’Allemagne entre en crise sur tous les plans.
Crise économique : le modèle des énergies renouvelables à bout de souffle ?
Le pays a du mal à se relever de la fin de l’exploitation du nucléaire couplée à l’explosion du gazoduc Nordstream 2. On rappelle qu’environ 30% de la consommation énergétique du pays de la bière et de l’automobile était directement dépendante du gaz russe. Derrière, les conséquences sont immédiates, le chômage est en hausse, les plans de licenciements se multiplient, même pour de grandes entreprises comme Volkswagen.
La dette publique monte également en flèche, notamment pour financer la conciliation entre une énergie décarbonée et une industrie compétitive, sans résultat probant sur la marché, et malgré le secours de l’électricité au rabais vendu par EDF, son voisin français.
Crise diplomatique : l’Europe tiraillée sur son soutien à l’Ukraine
Le retrait des aides américaines à l’Ukraine souhaité par Donald Trump a jeté un pavé dans la mare. Jusqu’alors l’Allemagne était entièrement alignée sur l’OTAN et était directement dépendante de la puissance militaire américaine. Avec le candidat républicain au pouvoir, l’Allemagne remet de plus en plus en question cette dépendance, et le sujet d’une défense européenne, peut-être à l’échelle fédérale, est remis sur la table.
Afin de se réaffirmer sur la scène politique, Olaf Scholz a martelé devant le Bundestag son soutien toujours aussi fervent à l’Ukraine, et ce malgré le contexte américain. L’Allemagne pèse moins sans le soutien des États-Unis, Olaf Scholz a depuis repris contact avec Vladimir Poutine, des échanges qui ont irrité par essence la diplomatie ukrainienne.
Crise politique : fin de course pour la dynastie Merkel et son héritier ?
L’Allemagne est également en plein processus de restructuration de son paysage politique. L’alliance sempiternelle du SPD, du parti libéral-démocrate et des écologistes a volé en éclats. Cette alliance avait valu a Angela Merkel ses réélections successives, puis à Olaf Scholz, son successeur désigné, son arrivée au pouvoir.
La cause de cette rupture ? Le budget de l’année 2025. Christian Lindner, chef de file des libéraux démocrates et ministre des Finances du gouvernement Scholz, s’attaquait directement au déficit engrangé. Il privilégiait des coupes dans les dépenses sociales et dans la politique de transition énergétique, des coupes qui s’attaquaient directement aux programmes respectifs du SPD et des écologistes. En réaction, le 6 novembre, Olaf Scholz limoge Christian Lindner du gouvernement. La réaction du parti libéral-démocrate est tout aussi directe : l’alliance tripartite est rompue.
De l’ensemble de ces problématiques, la position du chancelier est désormais menacée. Le 16 décembre, ce dernier sera soumis à un vote de confiance des députés, dans un Bundestag où il n’est plus majoritaire sans le soutien des libéraux. Il est donc probable que des élections législatives anticipées soient au programme en février-mars 2024, pour l’Allemagne.