Le mois de novembre est synonyme de mois sans tabac. C’est l’occasion d’évoquer les risques qu’encourent les consommateurs avec le Docteur Yiannis Psonka, tabacologue et pneumologue au CHU de Lille.
La première consommation d’une cigarette se fait à l’âge de 14,1 ans selon le ministère de la Santé. Dans la majorité des cas, le tabagisme s’installe à l’adolescence. C’est une période de la vie où l’on est soumis à la pression du groupe. Si on voit des personnes que l’on considère comme des modèles qui fument, cela peut inciter. Même si la première cigarette n’est pas appréciée, l’adolescent va se forcer. Au bout d’un certain temps, il y trouve un certain plaisir.
Le tabagisme est la première cause de mortalité
78 000 personnes décèdent chaque année en France. Le tabagisme est la première cause de mortalité évitable en France, devant l’alcool. C’est un chiffre assez important. Dans les complications, on retrouve les cancers. Huit cancers du poumon sur dix sont liés au tabagisme. Il y a environ un homme sur trois et une femme sur cinq qui décèdent de manière prématurée, c’est-à-dire avant 65 ans à cause du tabac. Cette mortalité est également d’origine cardiovasculaire avec des infarctus, des AVC, des ruptures d’anévrisme, etc.
13 millions de fumeurs en France
13 millions de Français fument quotidiennement. Cette consommation peut avoir un retentissement sur la vie quotidienne au niveau financier tout d’abord mais également au niveau du vieillissement cutané, la perte du goût et de l’odorat. Cela double le temps de procréation chez les personnes qui souhaitent avoir un enfant, si un des partenaires est fumeur. On considère qu’un fumeur sur eux va mourir à cause de son tabagisme.
La nicotine, principale source de la dépendance
Le taux de dépendance liée à la nicotine est de 90 %. Le tabagisme est une dépendance, ce n’est pas seulement une mauvaise habitude. La nicotine est la substance qui va provoquer une dépendance très puissante. En moins de 10 secondes, les récepteurs cérébraux vont recevoir un shoot brutal de nicotine, ce qui va entraîner un besoin nicotinique. Si ce besoin n’est pas satisfait, la sensation de manque va se faire ressentir. Les substituts nicotiniques (patchs, gum, pastilles, etc.) sont les plus efficaces pour augmenter les chances de sevrage tabagique.
La cigarette électronique comme solution ?
La cigarette est 10 000 fois plus toxique que la cigarette électronique. À l’heure actuelle, grâce à différentes études, on s’est rendu compte que la cigarette électronique est aussi efficace que les substituts nicotiniques que l’on peut prescrire pour aider les gens à arrêter de fumer. Néanmoins, cela reste des produits de consommation courante. Ce ne sont pas des médicaments. Ce que je donne comme consignes à mes patients de manière régulière, c’est qu’il faut l’utiliser si possible de manière exclusive, c’est-à-dire à la place de la cigarette classique et non pas en plus de celle-ci. Je leur rappelle qu’il faut l’utiliser de manière temporaire. Petit à petit, ils doivent diminuer la dose, et quand il n’y en a plus, ils l’arrêtent définitivement. Cette technique s’est avérée efficace auprès de plusieurs patients.