Depuis le 1er janvier 2025, les véhicules immatriculés avant 1997 ne peuvent plus arpenter les 95 communes qui composent la Métropole européenne de Lille. William Tiprez, heureux collectionneur de dix Mercedes, est quelque peu amer.
« Techniquement, j’ai pris un risque pour venir vous voir », ironise « Monsieur Mercedes ». ZFE. Trois lettres qui disent beaucoup. Les zones à faibles émissions (ZFE) sont des périmètres définis où la circulation des véhicules les plus polluants est restreinte. Au sein de la la Métropole européenne de Lille (MEL), le dispositif national obligatoire a connu quelques tergiversations avant d’entrer définitivement en vigueur le 1er janvier 2025. Les véhicules diesel produits avant 2006, signalés par une vignette Crit’Air 4 et 5, auraient dû être concernés par l’interdiction. Jusqu’à ce que le vice-président de la MEL, Sébastien Leprêtre, annonce un allègement. Quelque 30 000 véhicules avaient donc été épargnés. Malheureusement, William Tiprez et ses dix bolides allemands demeurent pénalisés, tous étant immatriculés avant 1997. Venu avec sa Mercedes W124 version berline, le passionné en est conscient : « Je sais que je finirai par me prendre une amende. » Une amende de 68 euros tout de même.
« Je déplore un manque de clarté »
Transmise de père en fils, la « passion Mercedes » est une histoire de famille que William Tiprez, 30 ans, tient à pérenniser. « Quand j’étais adolescent, on voyageait en Mercedes avec mon grand-père, j’ai été bercé par le monde de l’automobile », raconte-t-il. Sa première voiture ? Une allemande, pardi ! Les modèles dont l’âge se situent entre vingt et trente ans « en ont sous le capot » : l’un d’entre eux comptabilise plus de 600 000 km. William Tiprez le revendique fièrement, c’est un gros rouleur. Hélas, depuis le 1er janvier 2025, les escapades sont devenues contraignantes pour le Valenciennois, qui travaille la majeure partie du temps depuis chez lui. « Non seulement mes véhicules ne plus autorisés à circuler dans les 95 communes de la MEL, mais je ne peux plus non plus emprunter les axes routiers. A Paris, le périphérique est encore accessible aux véhicules dits “polluants”, c’est seulement dans Paris même où ils ne peuvent plus se rendre », vitupère « Monsieur Mercedes ». « Plus dans la prévention que dans la répression », William le sait, les agents de police sont néanmoins équipés d’un appareil qui permet d’accéder à toutes les informations du véhicule, ce qui lui fait penser qu’il « pourrait être arrêté très facilement » « Je déplore un manque de clarté, la MEL n’a pas assez communiqué sur le dispositif. Crit’Air, 1, 2, 3, 4… Il y a des gens de la campagne qui viennent en ville, comme à Lille, et qui ne sont même pas au courant qu’ils risquent une amende ! »
Des solutions existent
Fort heureusement, pour les quelque 6 500 véhicules concernés par l’interdiction dans le territoire de la MEL (un chiffre difficilement vérifiable), existent des dérogations. La première : la dérogation petit rouleur. Elle concerne tout automobiliste effectuant moins de 8 000 kilomètres sur l’année. La deuxième : être détenteur de la carte Pass Pass avec un abonnement mensuel ou annuel. La troisième : posséder un véhicule de plus de 30 ans en lien avec une activité commerciale. Enfin, la dernière : être commerçant ambulant non sédentaire. Le cas de William est spécifique puisque ses Mercedes sont susceptibles d’être considérées comme véhicules de collection, encore faut-il faire la demande auprès de la Fédération des véhicules d’époque. « Mais je ne suis pas sûr de le faire, je crains que l’Etat mette une taxe sur ce type de véhicule », précise William. Il projette de faire la demande de dérogation en rapport avec une activité commerciale. « C’est quand même dommage d’en arriver là, parce que je pense que la pollution automobile ne représente pas grand-chose dans toutes les émissions de CO2 ». En France, 68 millions de tonnes de CO2 ont été émises par les voitures thermiques en 2022, selon Statista. Quoi qu’il en soit, William embraye et prend la route avec sa Mercedes. En regardant dans le rétroviseur plus que d’habitude.
Qu’est-ce qu’une ZFE et pourquoi sont-elles mises en place ?
Les zones à faibles émissions sont un outil mis en place par les métropoles européennes afin de protéger la santé publique. En 2022, la pollution de l’air a causé au moins 240 000 décès en Europe, selon le rapport de l’Agence européenne pour l’environnement. Dont 48 000 décès prématurés seraient imputés au dioxyde d’azote, gaz produit principalement par les véhicules et les centrales thermiques.