Les violences conjugales ne se sont pas arrêtées en 2024. À peine trois heures après le passage à la nouvelle année, 2025 comptait déjà son premier féminicide.
Vers 03h30, mercredi 1ᵉʳ janvier, à Haumont, les pompiers reçoivent un appel affolé de la part de Dimitri Mortaigne. Motif : il aurait, semble-t-il, fait une très grosse bêtise. À leur arrivée, les secours découvrent, dans la chambre de l’un des deux enfants du couple, une femme, Isabelle Mortaigne, sans vie. Si le mari de la victime a avoué avoir tué sa femme, l’enquête est toujours en cours. D’après les informations de La Voix du Nord, l’homme avait déposé, le 6 décembre, une main courante contre sa femme, car il la soupçonnait d’adultère. Quelques jours plus tard, il avait déclaré être profondément déprimé et avait appelé les secours, affirmant vouloir mettre fin à ses jours. À la suite de ses aveux, l’AFP explique qu’il a été mis en examen et placé en détention provisoire pour homicide volontaire sur conjoint.
« Peu importe son passé, ce qui compte, c’est qu’elle a été assassinée »
L’adultère comme motif de meurtre n’a pas échappé à Aurore Bergé, qui a réagi fermement sur France Inter, vendredi 3 janvier, en déclarant : « Peu importe son passé, ce qu’elle ait fait ou ce qu’elle n’ait pas fait, ce qui compte, c’est qu’elle a été assassinée, ce qui compte, c’est de comprendre comment cela a été rendu possible dans notre société. » La ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes appelle à un « réveil collectif » face à l’ampleur de ces violences, et elle entend agir vite pour y remédier.
Elle dénonce non seulement l’impunité persistante des auteurs de violences, mais aussi la manière dont la société justifie ces actes criminels par la vie personnelle des victimes, « par ce qu’elles auraient pu faire pour mériter ça ». Selon elle, il est crucial de renforcer la législation à ce sujet, notamment pour mieux définir et punir des comportements dangereux comme le contrôle coercitif. Ce contrôle est un processus de manipulations répétées qui crée un climat de peur et de domination au sein d’une relation, prélude menant ensuite à des violences physiques et/ou psychologiques.
De nouvelles lois pour plus de sécurité ?
À ce sujet, la ministre a déjà déposé une proposition de loi, qu’elle espère faire adopter courant janvier. Cette loi viserait à faire du contrôle coercitif un délit spécifique. Elle insiste sur le fait que la violence ne se limite pas aux coups et à ce qui est visible, mais inclut cette emprise invisible qui isole, surveille, rabaisse et humilie les victimes au point qu’elles ne peuvent plus fuir. Elle souhaite également mieux sensibiliser les forces de l’ordre et les magistrats pour qu’ils réagissent plus efficacement face à ces violences. Cela passe par une formation renforcée, une écoute plus attentive et une réponse plus rapide.
Des progrès ont déjà été réalisés, notamment grâce à l’extension du numéro d’urgence 3919, désormais accessible 24h/24 et 7j/7, ainsi qu’à la création d’espaces dédiés à l’accompagnement des victimes dans chaque département.