Pour la première fois, Ilévia et la Ville de Lille ont installé des espaces sécurisés dans le métro et en centre-ville, permettant aux victimes de harcèlement de trouver écoute et soutien pendant l’événement festif.
À l’entrée de la bouche de métro Rihour, entre les effluves de frites et le tumulte de la Braderie, un panneau bleu attire l’œil. Après avoir descendu l’escalator, on y trouve un stand inhabituel : une table tapissée de flyers, quelques chaises, un espace feutré au cœur du vacarme. C’est là que les personnes qui se sont senties menacées ou harcelées ont pu trouver refuge.
Un dispositif discret mais inédit : pendant toute la durée de la Braderie, Ilévia a ouvert trois « safe places » dans les stations Rihour, République Beaux-Arts et Gare Lille-Flandres. Ces lieux d’accueil, tenus par une quarantaine de collaborateurs spécialement formés à l’écoute et au soutien des victimes de harcèlement sexiste et sexuel, ont fonctionné en continu du samedi matin au dimanche soir.
« Rassurant d’avoir un lieu où être entendu »
À République Beaux-Arts, Peggy, l’une des agentes mobilisées accueille qui veut avec douceur et bienveillance. C’est une initiative « essentielle », selon elle. Pour Johanna, 26 ans, venue de Rennes spécialement pour la Braderie, le sentiment est clair : « C’est rassurant d’avoir un lieu où on peut être accueillies en cas de problème. » Derrière elle, une passante nuance avec un sourire amer : « Je pense pas que ça arrêterait les lourds ! »
La remarque souligne une évidence : ces refuges n’éradiquent pas le harcèlement. Mais ils permettent de briser l’isolement, de réagir vite, et parfois d’éviter que la soirée bascule.

Un partenariat inédit avec UMAY
Pour cette édition 2025, Ilévia s’est associée à UMAY, une application permettant de signaler en temps réel une agression ou un harcèlement dans l’espace public. Les utilisateurs y trouvent non seulement une aide numérique mais aussi une orientation vers une « safe place » proche.
En complément, un agent UMAY circulait dans les stations, et si nécessaire, les équipes de sécurisation du réseau pouvaient être mobilisées. La Ville de Lille, de son côté, a ouvert son propre lieu refuge avenue du Peuple-Belge, prolongeant un dispositif déjà expérimenté lors des Jeux olympiques 2024 et du passage du Tour de France.
Une initiative dans la lignée d’Angela
Ces mesures s’inscrivent dans une politique plus large. Depuis 2022, Ilévia multiplie les initiatives : la descente à la demande dans les bus après 22h ou encore le lancement du dispositif « Angela », ce code discret permettant à toute personne en détresse de demander de l’aide auprès d’un agent ou dans un commerce partenaire.
Une continuité assumée par l’entreprise, qui rappelle son engagement « depuis 2002 » contre les violences sexistes et sexuelles. Dans les couloirs du métro, les affiches martèlent leur message : « Violences sexistes : c’est NON sur toutes nos lignes ! »
Si la Braderie reste avant tout une fête, ses foules denses sont aussi un terrain propice aux comportements intrusifs. Et les chiffres, eux, rappellent que le problème est loin d’être marginal. En 2024, les signalements pour outrage sexiste étaient plus fréquents dans les grandes villes de plus de 200 000 habitants : 5 pour 100 000 habitants. 15 % de ces outrages enregistrés par la police nationale ont eu lieu dans les transports en commun, selon Vie Publique.
Pour toute information ou besoin d’aide concernant les violences faites aux femmes, contactez le 3919.