Si les étudiants pensent souvent avoir surmonté le plus dur après l’obtention de leur diplôme, la réalité peut se révéler cruelle. Entre précarité croissante, instabilité professionnelle et insécurité de l’emploi, la quête du job idéal emprunte des chemins semés d’embûches, où certaines espérances se mêlent au désarroi.
« Le travail, c’est trop ennuyeux, c’est comme les soldats, c’est fait pour les autres. » Si Louis-Ferdinand Céline avait une vision bien à lui du travail, cette quête est aujourd’hui un enjeu à la fois fondamental et angoissant pour les jeunes Lillois.
Avec près de 130 000 habitants de moins de 30 ans dans la métropole européenne de Lille, la compétition pour trouver un emploi est intense. Dans les filières d’excellence, comme Sciences Po Lille, les taux d’insertion professionnelle sont encourageants. 91 % des diplômés se voient proposer un emploi en moins de trois mois. La qualité de l’enseignement et les opportunités offertes par les grandes institutions européennes (Parlement européen, Sénat, Assemblée nationale, Commission européenne à Bruxelles) facilitent l’entrée des étudiants dans le monde professionnel.
Selon l’Observatoire de la Direction des Formations de l’Université de Lille (ODiF), qui suit l’insertion professionnelle des diplômés de master, ces résultats varient selon le secteur. Dans les masters de l’enseignement (MEEF), 92,4 % des diplômés trouvent un emploi 18 mois après l’obtention de leur diplôme. Ce chiffre atteint 99,6 % pour ceux qui obtiennent le concours de l’enseignement dans la métropole lilloise.
Trouver un emploi : une réalité stressante et complexe
Mais tout n’est pas rose. Odélia, diplômée d’un master en droit du numérique à l’université de Lille, découvre sa nouvelle vie. Sortant d’une alternance dans une grande entreprise parisienne, son quotidien, rythmé jusqu’ici par les cours et les déplacements entre Paris et Lille, a radicalement changé. « J’ai toujours vécu en tant qu’étudiante. J’avais une situation stable et des amis à côté. Aujourd’hui, je me sens perdue. »
Installée dans un appartement du quartier Vauban, cette jeune femme de 24 ans regrette de ne pas trouver un emploi proche de chez elle. Originaire de Bécon-la-Bruyère (92), elle a choisi de rester à Lille avec son copain, installé en Belgique. Ses habitudes prises dans le quartier depuis de nombreuses années, l’idée de repartir à zéro et retourner chez sa grand-mère en région parisienne lui semble désormais inconcevable. « J’ai l’appartement de mes rêves ici. Je ne me vois pas du tout dans un petit studio chez ma grand-mère, alors que tout ce dont j’ai toujours rêvé est sous mes yeux. »
Le visage inquiet et les mains tremblantes, elle observe avec lassitude les rares offres disponibles. Ses journées se partagent entre rendez-vous à France Travail, recherches d’emploi et obligations financières pour payer son loyer. Le stress de l’inactivité s’ajoute à l’angoisse de ne pas réussir à s’insérer professionnellement. « C’est la panique. Je dors mal, je stresse à mort. Il n’y a pas d’offres. En attendant, je vais me former en anglais et passer mon permis. C’est tout ce qui m’attend pour le moment. »
Si les études restent nécessaire pour préparer une carrière épanouissante, le retour à la vie active constitue souvent une étape difficile pour les jeunes diplômés qui se retrouvent livrés à eux-mêmes face à la dure réalité du marché du travail.