Face à la baisse des températures, les personnes sans-abri sont parmi les plus vulnérables. A Lille, une initiative locale portée par la paroisse Notre-Dame-de-Pentecôte leur propose un moment de répit autour d’une soupe chaude. Chaque soir, jusqu’en avril, bénévoles et convives partagent un moment de chaleur et d’humanité.
18 h 30, au 40 de la rue Boucher de Perthes, à deux pas de l’église du Sacré Cœur. Sur la porte, une affiche simple : « Accueil avec une soupe ». Dans la cuisine, les bénévoles s’activent. Pendant que la soupe chauffe dans les marmites, un bénévole s’occupe de tartiner le pain. Ce lundi, c’est Christine, engagée depuis 2018 qui dirige la petite équipe de quatre bénévoles. « Les soupes sont apportées par des paroissiens ou des bénévoles. Les baguettes sont les invendus des boulangeries du quartier », confie-t-elle. Six tables sont dressées dans la salle principale, chacune recouverte d’une toile cirée colorée et de quatre couverts. Dans un coin, un vieux radiateur ronronne. Peu à peu, la pièce prend des airs de cantine d’antan.
Un accueil en place depuis 20 ans
L’initiative a vu le jour en 2006 sous l’impulsion du Père Jean-Luc Morand. « Au début, on se retrouvait dans une petite salle rue Solférino », se souvient Gersende, bénévole et responsable le samedi. « On a dû changer de lieu pour accueillir davantage de monde. » Aujourd’hui la salle peut recevoir jusqu’à vingt personnes. L’initiative est portée par l’association Les Amis des clochers, qui gère aussi le patrimoine et les actions de solidarité de la paroisse. Le financement repose sur les bénéfices de la braderie de Lille. « On se mobilise beaucoup à ce moment-là, raconte Gersende. C’est ce qui permet à la soupe de continuer tout l’hiver. »

Une solidarité discrète mais vitale
À 19 h, les premières personnes se présentent. Avant d’entrer, un bénévole note leur prénom dans un carnet. Beaucoup sont des habitués. « On a un socle d’accueillis fidèles, certains viennent depuis plusieurs années », explique Christine. « Le bouche-à-oreille fonctionne bien, et on est aussi répertorié par la mairie. » Les bols se remplissent, les conversations s’installent. Saïd et Abes, deux amis rencontrés dans la rue, sont assis côte à côte. « On a toujours de la place et on vient quand on peut, confie Abes. Heureusement que ça existe. » Saïd ajoute : « Quand j’ai mes enfants, je viens avec eux. Ça fait du bien, surtout en hiver. » L’accueil repose sur des bénévoles réguliers ou de passage, mais les effectifs fluctuent. « Le week-end, c’est plus compliqué car les bénévoles sont moins disponibles », reconnait Gersende. La salle est souvent complète le samedi car l’accueil avec une soupe est la seule initiative ouverte le week-end. A la fin du repas, certains restent un peu pour prendre un thé ou un café. D’autres repartent vite mais tous rapportent leur bol en cuisine pour aider les bénévoles à ranger. Alors que les températures chutent et que 163 personnes sans-abri ont perdu la vie en 2024 dans les Hauts-de-France, ces gestes de solidarité apparaissent plus que jamais essentiels.
