Depuis plusieurs semaines maintenant, la France fait face à des problèmes de distribution d’essence. En cause : les remises de TotalEnergies et les grèves dans les raffineries. Mais la région des Hauts-de-France est particulièrement touchée. Pourquoi ?
Le dimanche 9 octobre à 15 heures, plus de la moitié des stations-service dans les Hauts-de-France manquaient d’au moins un produit. Autrement dit, cela concernait 54,8 % d’entre-elles. Pour situer cela à l’échelle nationale : ce sont 29,7 % des stations qui étaient en panne sèche le même jour, à la même heure, en France. Dans la région du Nord, les statistiques sont alors bien au-dessus de la moyenne nationale. Plusieurs explications permettent de comprendre pourquoi le nord de la France est davantage touché que certaines régions – bien que l’Île-de-France la talonne de près.
1) Les mouvements de grève
Des mouvements de grève dans les raffineries sont en cours dans plusieurs régions françaises. Dans le Nord, à Dunkerque, la grève est elle-aussi entamée depuis le 27 septembre au dépôt pétrolier TotalEnergies de Flandres. Bien que les cuves soient pleines, les salariés refusent de laisser partir la moindre goutte tant que les salaires de 2022 ne seront pas valorisés de 10 %. Toutefois, le site de Dunkerque représente près de la moitié de la capacité de stockage de la région. En d’autres termes, les Hauts-de-France se voient être privés de près de la moitié des livraisons habituelles.
2) Une localisation proche de la frontière belge
La deuxième explication à ce phénomène est liée à la proximité de la région avec la frontière belge. Le 1er septembre dernier, TotalEnergies annonçait faire une remise de 20 centimes le litre à la pompe. Une ristourne qui s’ajoutait à ce moment-là aux 30 centimes offerts pas le gouvernement. En tout, les prix chez Total ont baissé de 50 centimes, de quoi attirer de nombreux Français… mais également les Belges qui ont traversé la frontière en masse pour faire le plein à moindre prix. Résultat, les stations-service du Nord se retrouvaient deux fois plus convoitées.
3) L’activité agricole et de transports
La troisième raison s’explique tout simplement par la forte activité agricole et de transports dans la région. Entre la saison des betteraves, la pêche des coquilles Saint-Jacques et les nombreux camions qui transitent et profitent des remises eux-aussi pour remplir leur réservoir avant de quitter le pays, la tension sur le gazole se fait d’autant plus ressentir. En bref, les grèves, la forte activité économique et les ristournes ont enclenché un effet de panique d’autant plus amplifié dans les Hauts-de-France, au point où la région a été une des premières à interdire le remplissage des bidons et jerricans.
Selon le gouvernement, la situation devrait s’améliorer dans la semaine. En effet, depuis le lundi 10 octobre, les livraisons vont de bon train dans les zones particulièrement touchées : elles ont augmenté de 30 % dans les Hauts-de-France. Il ne reste plus qu’à demander aux habitants d’éviter de se ruer dessus.