La jeunesse d’aujourd’hui ne veut pas ou peu d’enfants. La jeunesse de demain pourrait être incapable d’en avoir. D’après une étude publiée par le Human Reproduction Update, à l’échelle mondiale, la concentration moyenne de gamètes dans le sperme a chuté de moitié. En France, déjà près d’un quart des couples fait face à des problèmes d’infertilité.
Selon l’épidémiologiste américaine, le Dr. Shanna Swan, sur les 50 dernières années, la densité moyenne en spermatozoïdes du liquide séminal a connu une diminution prononcée et régulière de 1% chaque année dans la zone Etats-Unis-Canada-Europe de l’Ouest. Actuellement, elle est de 47 millions/ml en Occident et de 49 millions/ml dans le monde. Les problèmes de fertilité sont observés en dessous d’une concentration de gamètes de 40 millions/ml.
Cette dégradation de la qualité du sperme est due à plusieurs facteurs et est à présent observée sur tous les continents. La sédentarité, le stress chronique et la consommation régulière d’alcool et de tabac inhibent plus ou moins l’émission de testostérone, hormone responsable de la production des spermatozoïdes. Les perturbateurs endocriniens perturbent également le fonctionnement des glandes surrénales, émettrices et régulatrices d’hormones dont la testostérone.
On trouve ces perturbateurs endocriniens dans les emballages plastiques, les déodorants et les revêtements chimiques sur les cartons de pizza, les imperméables ou encore les maillots de bains. Ils sont pour la plupart bénins et évacués naturellement par le corps au bout de quelques heures. Le risque réside dans l’exposition constante des personnes à moyen et long terme.
Les phtalates par exemple affaiblissent durablement la fertilité masculine et même la descendance des personnes affectées. Ce sont des produits chimiques anti-androgènes qui perturbent temporairement les cycles hormonaux et empêchent l’émission de testostérone. Lorsqu’un enfant mâle est conçu par une personne régulièrement exposée aux phtalates, le risque d’altération de son développement anatomique est accru.
C’est ce que le Dr Shanna Swan appelle le syndrome de phtalates. Ce syndrome cause une baisse de la taille des organes génitaux masculins ; de la production journalière de sperme et une hausse des risques du cancer des testicules. Un faible taux de testostérone affecte également la santé mentale des hommes. Baisse du niveau d’énergie, appétit irrégulier, troubles du sommeil, difficulté de concentration, anxiété et dépression sont fortement corrélés à un cycle hormonal masculin en désordre. Économiquement, ces problèmes posent la question de l’évolution de la productivité des hommes au travail.
La crise mondiale de la fertilité masculine amène un changement de la perception des problèmes démographiques des pays du Nord. Des problèmes qui ne se résument plus à la transition démographique, à l’urbanisation des modes de vie ou à l’angoisse suggérée par le dérèglement climatique chez les plus jeunes. Ils sont intimement liés aux modes de production et de consommation.
Une étude mené par le Dr Shanna Swan aux Etats Unis dans les années 2000 met en cause l’exposition aux pesticides ou la consommation régulière de produits qui en contiennent. La qualité et la quantité de spermatozoïdes en est grandement affectée. Les habitants des zones agricoles produisent deux fois moins de spermatozoïdes mouvants que les habitants des métropoles. Et les métropolitains eux-mêmes sont près de deux fois moins fertiles que leurs grands‑pères (99 millions/mm en 1972). Si cette tendance se poursuit, dès 2045, la majorité des couples devront recourir à la PMA pour concevoir.