Interdites, puis autorisées, à Lille les manifestations en faveur de la Palestine ont lieu chaque semaine depuis la riposte d’Israel après les attentats du Hamas. Le 11 novembre, nous étions au cœur du cortège.
Samedi 11 novembre, une manifestation a eu lieu près du Théâtre Sébastopol à Lille. Sous la pluie, Élias semble préoccupé. Autour de son cou, un keffieh, symbole de la lutte pour la paix. Les yeux humides, le ton grave, le jeune homme s’exprime : « Je suis Franco-palestinien. À l’heure où je vous parle, ma famille vit des choses atroces à Gaza ». Suite aux récents actes terroristes perpétrés par le Hamas sur le territoire d’Israël le 7 octobre, une vague de réactions et de prises de position a émergé à l’échelle mondiale. Tandis que certains expriment leur soutien au peuple israélien, victime de ces attaques, d’autres manifestent leur solidarité envers le peuple palestinien, qui en subit les conséquences. L’État d’Israël ayant décidé, en répression, de bombarder Gaza dont une importante part de civils. Ailleurs dans le cortège, voici Élena, une jeune femme qui porte un drapeau de la Palestine sur son dos : « Le monde doit arrêter de fermer les yeux sur ce massacre. Au nom de tous les enfants de Gaza, il est temps d’agir ».
Une interdiction nationale décriée
Alors que le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, avait interdit ces manifestations arguant qu’elles pourraient « potentiellement perturber l’ordre public », le tribunal administratif en a décidé autrement. Le 19 octobre, l’instance juridique a levé ces interdictions systématiques de la préfecture exigeant d’elles des motivations précises. Depuis, tous les samedis, la CGT organise des manifestations qui réunissent entre 5 000 et 10 000 personnes dans les rues de Lille. Des cris, des chants, des larmes parfois, apparaissent sur les visages des manifestants. Pancartes et drapeaux, aux couleurs de la Palestine, flottent au-dessus de cette foule dense et déterminée. Pascal Blindal, secrétaire à la politique revendicative de l’union des syndicats CGT du nord, explique avec ardeur : « C’est au nom de toutes ces vies perdues, femmes et enfants, que nous sommes ici pour apporter notre soutien ». Un sentiment partagé par le député de la LFI, Adrien Quatennens, présent à Lille lors de cette manifestation du 11 novembre : « On devrait pouvoir soutenir la cause palestinienne sans être confondu avec le Hamas ». Le député ajoute la voix tremblante : « Les Palestiniens ne sont pas que des chiffres, ce sont des noms, des histoires de vie. Le massacre de toutes vies innocentes doit cesser. Le droit international doit être respecté ». Place de la République, là où la manifestation se termine, les voix s’unissent pour scander une phrase : « Nous sommes tous des Palestiniens ». Le soleil réapparaît, éclairant une scène à l’image de ce rassemblement : un juif portant la kippa discute gaiement avec un militant palestinien.