Pendant la vague de Grand Froid, un constat accablant s’est révélé : le nombre de personnes à la rue augmente en France et avec lui, leur vulnérabilité sanitaire et médicale. À Lille, l’équipe bénévole de l’Ordre de Malte, accompagnée de son médecin, est la seule association mobilisée pour aller à la rencontre des sans abri et leur prodiguer des soins de première nécessité. Nous les avons accompagnés au cours d’une de leurs maraudes médicales.
Le 27 octobre dernier, le collectif Les Morts de la rue a publié un rapport affolant. Selon eux, en France, pas moins de 624 personnes sans-abri sont mortes en 2022. Entre novembre et décembre 2023, déjà six SDF sont décédés dans le Valenciennois et au moins deux personnes ont succombé à la vague Grand Froid. Depuis près de dix ans, dans le centre-ville de Lille, l’Ordre de Malte se rend chaque vendredi auprès des sans abri pour leur procurer des soins médicaux.
Une vulnérabilité exacerbée
Bronchiolites aggravées, maladies cutanées, plaies purulentes : la précarité des personnes vivant à la rue est un véritable enjeu pour leur santé. Entre le froid, le manque d’hygiène ou les addictions, de telles maladies se font plus fréquentes, mais surtout, plus graves. L’enjeu pour le médecin et son équipe bénévole n’est pas de traiter de lourdes maladies chroniques qui ne peuvent se diagnostiquer que dans les structures adaptées, mais d’apporter un soin approprié « au jour le jour » à ces maux qui détériorent sur le long terme la santé des SDF. Selon Julien Soenen, médecin généraliste engagé dans l’association et accompagnateur de la maraude, « la difficulté de ces personnes est de ne pas toujours oser aller chercher les soins dont elles ont besoin ». Par honte, par peur ou tout simplement parce qu’elles n’ont pas la couverture sociale adéquate. Et malgré la présence de certains centres médicaux comme l’association Agir pour la Santé des femmes ou encore les pôles de Ressource Santé de Lille, pour un grand nombre d’entre eux, la démarche reste encore difficile. Alors ils attendent, chaque vendredi, comme Amir, le passage du médecin de Malte et de sa « super » équipe.
Savoir s’adapter avant tout
Les SDF tentent de négocier comme des petits pains Ventoline, pansements ou Doliprane, mais le médecin ne rentre pas dans leur jeu. Il doit rester prudent, et sait s’adapter aux besoins réels de ses patients. Devant son équipe, majoritairement composée de jeunes étudiants en médecine, il montre comment changer un bandage, entre deux voitures garées.En hiver, malgré les besoins plus fréquents, les maraudes sont plus calmes car les sans-abri désertent les rues passantes plus tôt à cause de la nuit et du froid. Alors les bénévoles emportent avec eux boissons chaudes et ravitaillement pour réchauffer les personnes qui passeront la nuit dehors.