Si la question du féminicide est sous le feu des projecteurs, peu se penchent sur le mariage de la misère aux passions extrêmes. C’est ce théâtre sans fin qui se jouait avec de nouveaux personnages, fin janvier, dans la grande salle austère en béton armé du tribunal en comparution immédiate de Lille.
Le jeune homme a 27 ans. Sans emploi aujourd’hui, il devait décrocher un CDI avant que les disputes n’éclatent à nouveau avec sa compagne. Cette dernière a cinq enfants de pères différents. En février 2024, le jeune homme est condamné pour « messages malveillants » et avoir craché à plusieurs reprises sur elle. Il est interdit par le tribunal d’entrer en contact avec elle jusqu’en 2025, et ressort de prison le 23 octobre 2024.
Malgré cela, c’est la plaignante elle-même qui vient chercher le jeune homme à sa sortie de prison. Leur vie reprend. Jusqu’au 22 janvier 2025 où les disputes fusent. Le jeune homme est mis à la rue par sa compagne, l’obligeant à rentrer chez ses parents. Dans la nuit du 26 au 27 janvier, il est interpellé par la police à proximité du domicile, après avoir multiplié des appels sans réponse. Il envoie alors un message vocal à Éden, l’un des enfants : « ta mère la pute dis-lui de bien fermer ses fenêtres, car je viens lui rendre visite. Allez, bisous les enfants, je vous aime ».
« Couple toxique » ou « cauchemar des femmes battues » ?
L’avocat de la plaignante insiste, « elle est terrifiée. Elle vit le cauchemar des femmes battues, et il en est venu à instrumentaliser les enfants ».
L’avocat du prévenu démarque son effarement : « c’est elle qui est venue le chercher à sa sortie de prison, le 23 octobre. C’est elle qui, à plusieurs reprises, lui a demandé de la fournir en cannabis. Et mon client n’a jamais levé la main sur elle ».
« Nous avons une relation toxique », revendique le jeune homme, « mais même au chômage je l’aide, je travaille au black pour nettoyer un entrepôt et le domicile d’une vieille dame ». La confession d’une autre infraction surprend le juge, mais le jeune homme n’en démord pas : « je le fais pour les enfants. Tous. Je les aime. Je regrette d’être passé par Éden, je n’aurais pas dû. Je comprends que l’on ne doit plus se voir leur mère et moi ».
Comme requis par le procureur, c’est 12 mois de prison ferme qui seront retenus par le tribunal pour messages malveillants en récidive et non-respect de l’interdiction d’entrer en contact avec la plaignante. S’y ajoute 1100 euros d’amende pour préjudice moral de la compagne et de l’enfant.