Des députés du parti maori ont interrompu une session parlementaire ce jeudi 14 novembre en réalisant une danse haka. L’objectif était de s’opposer à un projet de loi sur les relations interraciales.
Bien que les rugbymans néo-zélandais ont réalisés un spectaculaire haka face au XV de France, un autre combat s’est tenu à quelques milliers de kilomètres. Alors que les parlementaires votaient un projet de loi visant à réinterpréter le texte fondateur de la nation néo-zélandaise, la députée du parti maori Hana-Rawhiti Maipi-Clarke a déchiré le texte de loi en entamant un « Ka mate haka », chant traditionnel pratiqué par les Maoris lors de conflits pour impressionner leurs adversaires. Le Parlement a dû être brièvement suspendu lorsque les personnes présentes dans la galerie se sont jointes au mouvement. La députée de 22 ans, à l’initiative du haka, a été sanctionnée par le président de la Chambre qui a qualifié son comportement « d’épouvantable, irrespectueux et grossièrement désordonné ».
C’est quoi le traité de Waitangi ?
A l’origine du débat : la réinterprétation du traité de Waitangi. Ce traité, signé en 1840 entre les Maoris de Nouvelle-Zélande et les colons britanniques, est considéré comme le texte fondateur du pays. Traduit en anglais et en maori, des différences d’interprétations ont contribué à la marginalisation du peuple maori. Il aura fallu attendre la montée d’un mouvement de protestation autochtone dans les années 1970 pour une clarification du texte et pour accorder des droits différents aux Maoris par rapport à ceux des autres Néo-Zélandais.
En déposant un projet de loi visant à réformer ce traité, le parti de coalition centre-droite ACT New Zealand affirme vouloir réécrire ses principes. Une décision qui a exacerbé les tensions avec le peuple maori. David Seymour, chef du parti libéral, a déclaré que « l’objectif de ce projet de loi est de rompre les 49 années de silence de ce Parlement et de définir dans la loi les principes du traité afin qu’il soit parfaitement clairs pour les Néo-Zélandais d’aujourd’hui ».
Un mouvement de protestation national est en cours
De nombreux Maoris et leurs sympathisants considèrent que ce projet de loi porte atteinte aux droits des populations indigènes du pays. Une population qui représente environ 20% des 5,3 millions d’habitants de la Nouvelle-Zélande. La démonstration a provoqué l’embrasement de la population autochtone. Des centaines de personnes ont entamé une marche depuis le nord du pays jusqu’à Wellington, organisant des rassemblements dans les villes au fur et à mesure de leur progression. Selon les autorités, environ 10 000 personnes ont défilé à Rotorua, « ville où près de 30% des habitants sont maoris ». Bien que le projet de loi ait peu de chance d’aboutir, il illustre la crainte des Maoris de voir leurs droits détricotés depuis la prise de fonction de Christopher Luxon, Premier ministre conservateur.