Ce lundi 11 novembre s’est ouverte la 29e édition du sommet de l’ONU sur le climat. Quelque 50 000 personnes sont attendues à Bakou (Azerbaïdjan) pour 11 jours. Point sur les cinq enjeux principaux de cette conférence.
La capitale azerbaïdjanaise accueille l’édition 2024 de la COP (Conference of Parties), un an après Dubaï (Émirats Arabes Unis). Entre urgence climatique et tensions géopolitiques, les circonstances laissent présager de difficiles négociations.
Un contexte d’urgence climatique
Vagues de chaleur en Europe de l’Est, inondations en Espagne, violentes tempêtes en Floride, incendies en Amérique du Sud, pluies torrentielles en Afrique occidentale, … : cette année 2024 a été marquée par un grand nombre de catastrophes climatique. À cela s’ajoute le fait que 2024 est en passe de devenir l’année la plus chaude jamais observée, avec un réchauffement climatique qui dépassera 1,4°C d’ici la fin de l’année.
C’est dans ce contexte où le coût de l’inaction face au dérèglement climatique n’a jamais paru si évident que s’ouvre la COP29. Les évènements récents ont montré qu’aucun pays n’est épargné, et montrent ainsi qu’il est dans leur intérêt d’agir.
« The finance COP »
Cette 29e édition du sommet a été qualifiée de « COP finance », en raison du rôle du financement de la transition par les pays riches dans les négociations. En effet, c’est même l’enjeu principal de la conférence, car si tous les pays sont touchés par la crise climatique, ils ne disposent pas tous des mêmes moyens pour y faire face. L’enjeu est alors, pour les pays en développement, d’augmenter le montant des aides climatiques allouées par les pays plus riches. En plus de leur permettre de mieux répondre aux canicules ou aux inondations, cela facilitera un développement sans charbon ni pétrole, souvent bien plus coûteux, à long terme. On parle alors de milliers de milliards de dollars, alors que le montant avait été fixé à environ 100 milliards de dollars en 2022.
En face, les pays Occidentaux sont souvent réticents à financer des sommes si hautes, faisant valoir des montants irréalistes pour leurs finances publiques.
Un pays hôte controversé
Pour la deuxième année consécutive, le sommet sur le climat a lieu dans un pays controversé. Après les Émirats Arabes Unis en 2023, l’Azerbaïdjan est accusé par beaucoup d’être autoritaire, mais surtout de compter parmi les plus gros pollueurs du monde. « Un cadeau de Dieu » : tels sont les mots employés par le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev pour désigner les réserves d’hydrocarbures de son pays, qu’il a répétés lors de l’ouverture de la COP29. Même si le pays ne représente que moins d’1% de la production mondiale de gaz, il faut dire qu’il est très dépendant des énergies fossiles. Les hydrocarbures représentent 98% du mix énergétique de l’Azerbaïdjan, et 64% de son PIB, le hissant au 9e rang mondial des États les plus tributaires de l’extractions de fossiles, selon Carbon Tracker.
En plus de ces controverses d’ordre environnemental, l’Azerbaïdjan est également pointé du doigt pour sa proximité avec la Russie. L’alliance du pays avec Vladimir Poutine dans le contexte de guerre n’arrange pas les tensions géopolitiques qui accompagnent la conférence.
Un climat géopolitique tendu
Seulement 106 chefs d’Etats sont attendus à Bakou, dans un contexte où les guerres sévissent un peu partout autour du globe. Les absences des dirigeants chinois, américains, français et indiens sont notamment à constater.
Cet absentéisme a, dans la quasi-totalité des cas, un motif diplomatique. En France par exemple, plusieurs personnalités politiques comme Laurent Wauquiez (LR), Anne Hidalgo (PS) ou encore Yannick Jadot (EELV), avaient appelé le gouvernement au boycott de la COP dans une tribune collective publiée dans Le Figaro le 8 novembre dernier. « Nous ne ferons pas la politique de la chaise vide », avait répondu la ministre de l’écologie Agnès Pannier-Runacher, qui se rendra à Bakou du 21 ou 24 novembre, alors qu’Emmanuel Macron est absent du sommet pour la première fois depuis 2015.
Les conséquences de la réélection de Donald Trump
L’absence du président américain Joe Biden est également à noter, alors que le rôle des État-Unis dans la conférence est primordial. Six jours après sa réélection, l’ombre de Trump plane déjà sur la COP29. Comment son accession à la Maison Blanche va-t-elle impacter les négociations ? Beaucoup craignent que le républicain climatosceptique réduise davantage les efforts des États-Unis, à l’image de sa sortie des Accords de Paris lors de son premier mandat, en 2017. Si Biden avait réintégré les États-Unis dans l’accord en 2021, les futurs agissement du nouveau président du premier pollueur au monde pose question.
Toutes ces craintes restent à tempérer, puisque l’installation de Trump à la Maison Blanche ne sera effective qu’en janvier prochain. C’est bien l’administration Biden qui représente les États-Unis à Bakou.