Face aux tensions politiques et économiques du pays, nous avons sollicité l’expertise de Felix Von Nostitz, enseignant-chercheur à ESPOL, pour décrypter la situation.
La situation politique actuelle en France est-elle vraiment inédite sous la Ve République ou l’a‑t-on déjà vécue auparavant ?
Felix Von Nostitz – C’est une situation assez exceptionnelle pour la Ve République. Depuis De Gaulle, la France a connu une relative stabilité politique, avec parfois des cohabitations mais toujours une majorité claire au Parlement. La situation actuelle rappelle davantage la IIIe République, où les Premiers ministres changeaient souvent et où des coalitions temporaires se formaient pour faire passer certaines lois, une pratique oubliée depuis.
Dans ce contexte, la Ve République est-elle vouée à l’échec ?
F. V. N – La question appelle à la fois des réponses scientifiques et politiques. Scientifiquement, le système actuel paraît plutôt inadapté à la complexité de la société, d’où l’idée d’une VIe République, envisagée par certains partis. Cependant politiquement, trop d’acteurs profitent encore du régime en place, et la proportionnelle risquerait de renforcer les extrêmes. Ce changement comporte des risques. Malgré l’ouverture amorcée lors des législatives de 2024, une telle réforme ne pourrait pas se faire à court terme.
Sébastien Lecornu a annoncé que le budget 2026 serait annoncé d’ici le 31 décembre. Si ce n’est toujours pas le cas, combien de temps pourrait-on rester sans budget ?
F. V. N – Dans d’autres pays, l’adoption du budget prend souvent plus de temps sans bloquer l’État. Aux États-Unis, il n’y en a plus depuis une semaine et tout fonctionne, tandis qu’en Belgique, l’ancien budget reste en vigueur jusqu’au vote du suivant. Si le budget 2026 n’est pas adopté à temps, la France pourrait suivre cet exemple, malgré certaines incohérences.