En 2025, le loyer médian à Lille atteint 15 €/m², en hausse de 3,1% sur un an. Face à cette augmentation, de plus en plus de jeunes actifs s’interrogent sur l’achat immobilier, comme Arthur, 29 ans, qui vient d’acquérir une maison avec sa conjointe. Mais est-ce réellement une solution plus rentable ?
Depuis plusieurs années, la métropole lilloise fait face à une tension immobilière croissante. La demande explose, l’offre peine à suivre et les prix s’envolent. Les petites surfaces, très recherchées par les jeunes actifs, sont les plus touchées par la hausse de prix (+4,4 % pour les studios, +3,3 % pour les T2). Dans ce contexte, l’achat immobilier devient-il une alternative plus rentable que la location ?
Selon Stéphanie Glorieux, agent immobilier, plusieurs facteurs expliquent cette hausse des loyers. « Lille est une ville en zone tendue : il y a bien plus de demandes que d’offres, ce qui fait grimper les prix. De plus en plus de locataires quittent Lille intra-muros pour la périphérie, entraînant à leur tour une hausse des loyers dans ces communes bien desservies. »
D’autres phénomènes viennent accentuer cette tendance : la réglementation des loyers imposée par la MEL. La revalorisation des loyers par l’IRL (Indice Réglementation des Loyers) en fonction de l’inflation ou encore l’essor des locations touristiques type Airbnb dans des villes comme Marcq-en-Baroeul et Lambersart. Même des communes autrefois plus accessibles comme Roubaix et Tourcoing voient aujourd’hui la demande exploser. Les prix restent malgré tout plus abordables qu’à Lille.
Acheter : un choix stratégique pour les jeunes actifs ?
Face à ces difficultés, certains jeunes actifs sautent le pas de l’achat. C’est le cas d’Arthur Demazière, 29 ans, qui vient d’acquérir une maison à Marquette-lez-Lille avec sa conjointe. « Louer devenait trop cher, surtout pour un logement avec un extérieur. En achetant, on ne donne plus notre argent à un propriétaire, on investit pour nous. Ceci étant dit, nous ne serons rentables que dans plusieurs années car nos échéances de prêt, à hauteur de 1 200 € sont actuellement plus élevées que notre ancien loyer. » Mais acheter à Lille ou dans la métropole reste complexe. « Avoir un apport est quasiment indispensable », explique Arthur, qui a pourtant pu se contenter d’un apport de seulement 2 000 €. « Normalement, il faut environ 10 % du prix, mais la banque nous a quand même prêté 235 000 € pour une maison à 200 000 €. » Un emprunt rendu plus coûteux par la hausse des taux d’intérêt. « On a eu un taux à 3,6 %, alors qu’il était bien plus bas il y a deux ans. »
Arnaud Tonnerre, courtier immobilier et fondateur de Courtineo, corrobore l’expérience d’Arthur : « Les taux ont flambé depuis quelques années, passant de 1 % à 4,5 % avant de redescendre autour de 3 %. Aujourd’hui, on tourne plus précisément entre 2,8 % pour les meilleurs profils et 3,4 % en moyenne. » Il nuance toutefois les difficultés pour les jeunes actifs : « Les banques sont redevenues plus souples, et l’emprunt reste possible, surtout pour les projets bien construits. » Interrogé sur l’avenir des taux, il reste incertain : « Personne ne peut prédire leur évolution, cela dépend de plusieurs facteurs, notamment de la banque centrale européenne mais ils devraient rester stables, au moins pour les trois prochains mois, impossible de prédire après cette période. »