Fawzia Koofi, féministe militante et première femme élue au Parlement afghan s’est exprimée à l’occasion d’un séminaire organisé à l’Université Catholique de Lille. Exilée depuis la prise du pouvoir par les Talibans en août 2021, Fawzia Koofi continue la sensibilisation et s’organise pour la libération du pays par l’éducation, interdite aux filles de plus de 10 ans. Un combat qui s’inscrit dans un contexte géopolitique compliqué.
“Les Talibans sont des combattants, ils ne savent pas gérer une discussion civile”. C’est de cette manière que l’ex-vice-présidente de l’Assemblée Afghane explique la répression Talibane systématique à l’égard de toute dissidence. Face aux Talibans, les enjeux sont multiples et tous les acteurs doivent être impliqués.
L’affirmation du soutien idéologique des théologiens musulmans est nécessaire pour légitimer les condamnations internationales aux yeux de ceux qui méprisent “les mécréants”. Pour le moment, plusieurs pays musulmans ont exprimé leur soutien officiel à la démocratie en Afghanistan, dont le Qatar, l’Indonésie et les Emirats Arabes Unis. Une grande partie du clergé demeure cependant silencieuse. Selon Fawzia Koofi il faudrait une condamnation théologienne unanime.
Le soutien occidental à la cause démocratique Afghane est aussi primordial. Fawzia Koofi rappelle que beaucoup de haut-placés Talibans ainsi que leurs enfants résident et étudient en Occident. La question suivante est alors posée : “Si la gouvernance Talibane du pays est bien la meilleure, pourquoi les Talibans et leurs enfants vivent-ils à l’étranger ? Qu’on les expulse en Afghanistan, pour qu’il goûtent aux conséquences de leur propre idéologie.”
Un pays esseulé
L’Afghanistan est pris en tenaille entre une République Islamique d’Iran qui vacille et un Pakistan fragilisé par les inondations de l’été 2022. De l’autre côté du globe, la guerre en Ukraine a mis à mal la mise en place d’un processus politique encadré. “Pour les Etats-Unis, l’Afghanistan est un échec, donc ça ne les intéresse plus…” regrette Fawzia Koofi. Autrefois garante de l’enracinement du régime démocratique Afghan, Washington s’est complètement détaché de Kaboul, au profit de l’Ukraine et de l’Asie Pacifique. L’ex-députée désire que Paris aussi s’investisse davantage : “J’appelle la France à délivrer des visas humanitaires aux Afghans dans le besoin. Après tout, elle est le pays des Droits de l’Homme ! ”
Dans un contexte ou des millions d’Afghans sont déplacés ou réfugiés, Fawzia Koofi puise la force d’avancer dans ses rencontres avec ses concitoyens, étudiants et parfois exilés eux aussi. Elle se montre optimiste et encourageante : “Lorsque les Talibans perdront – et ils perdront – nous irons reconstruire notre pays.”