Jeudi dernier, le gouvernement annonçait la création d’un nouveau fond d’investissement. Le but est de permettre aux épargnants français qui le souhaitent de soutenir le secteur de la défense.
Tout a commencé avec l’allocution du 5 mars d’Emmanuel Macron. Lors de cette prise de parole, le président a affirmé vouloir de nouveaux investissements dans le domaine de la défense sans pour autant augmenter les impôts. « Nous restons attachés à l’OTAN et à notre partenariat avec les États-Unis, mais il nous faut faire plus », a affirmé le président de la République. Depuis presque un mois, un champ lexical de l’économie de guerre a été mobilisé par le gouvernement : « des financements communs massifs seront décidés pour acheter et produire sur le sol européen des munitions, des chars et des armes ». Il faut donc de l’argent, et pour cela il faut encourager les Français à placer leur épargne dans des industries de la défense.
Un objectif de 5 milliards d’euros
Dans le contexte de la guerre en Ukraine et de la menace de la fin de l’aide militaire américaine, le but est de trouver 5 milliards d’euros en Europe pour produire des obus ou bien des armes. Pour cela, il faudrait mobiliser l’économie européenne et notamment l’économie française pour alimenter le secteur de l’armement. Pour Éric Lombard, ministre de l’Economie, « l’Union européenne doit devenir adulte en matière de défense, s’organiser pour préparer la paix et la garantir […] avec de l’argent public de BPIfrance, de la Caisse des Dépôts, de l’État, mais nous avons besoin d’argent privé ».
Un nouveau livret d’épargne ?
Il faut éviter la confusion. Ce nouveau placement n’est pas un livret d’épargne. C’est une proposition d’investissement dans un ensemble d’entreprises de l’industrie de la défense française. Il faut un investissement de 500 € minimum, et avec cela on acquiert au travers de l’État des parts dans 4000 petites entreprises qui ont besoin d’aide financière. Il faut noter une autre différence significative avec le livret A qui a servi de comparatif : ici, le capital n’est pas garanti. C’est un engagement sans obligation de retour financier.
Qu’en pensent les Français ?
Les Français sont-ils prêts à investir dans un tel projet ? À Lille, les habitants ne semblent pas contre l’idée. « Je suis volontiers pour l’idée, j’ai déjà commencé à investir dans la défense européenne depuis l’allocution du Président », nous affirme Victor. « Pour avoir la paix, il faut préparer la guerre », nous dit Pascal, qui est aussi prêt à investir. « Il n’y a pas le choix, moi j’investirai sans aucun problème si ça peut éviter aux jeunes de partir à la guerre. » Certains sont juste bloqués par les 500 € minimums demandés comme Sama, mais ne sont pas contre l’idée. L’État espère réunir la somme de 450 millions d’euros de cette manière.