Si la mer charrie des déchets en tous genres (filets, cordes ou déchets plastiques), résultat de l’activité maritime, les touristes laissent souvent après leur passage des ordures. Une dégradation visuelle et écologique qui a donné aux municipalités et aux visiteurs l’envie de réagir. Immersion sur la côte picarde pour comprendre comment les protagonistes opèrent pour la propreté des lieux.
Lutter contre la pollution des plages en sollicitant directement les passants, voilà un des enjeux de plusieurs municipalités comme Fort-Mahon, Cayeux-sur-Mer ou Ault. Pour Allain Baillet, maire de la Fort-Mahon, l’objectif est de laisser la plage propre : « C’est dommage de remonter les déchets et de les mettre n’importe où. Grâce aux propositions des habitants, on a installé deux bacs à marée, aux extrémités nord et sud de la plage ». De son côté, Karine Vichery, native du secteur et artisan en décoration, tente de promouvoir l’union sacrée et l’aspect créatif.
Des bacs à marée installés sur la plage
Les agents municipaux ont trouvé une nouvelle occupation depuis quelques années, non sans complexité : vider ces bacs une fois remplis. « Le concept reste très positif mais il y a un seul problème. Les différents déchets naturels ramènent du sable et donc du poids dans les bacs. Parfois, les déchetteries ne veulent pas les prendre car cela pose des problèmes pour trier » concède l’édile de Fort-Mahon. Qui a également voulu trouver d’autres alternatives efficaces et naturelle : « On arrive à mettre les morceaux de bois dans les dunes. Ça permet de stabiliser un peu plus les collines de sables » rassure l’élu. « C’est comme le sapin de Noël, une fois la période des fêtes terminée, on organise une collecte des sapins pour renforcer les dunes. » La population semble apprécier ces initiatives pour désencombrer les plages et solidifier les monticules de sable.
Des passants convaincus
Dispatchés d’un bout à l’autre de la plage, deux bacs à marée ont été installés en 2017, à la demande des habitants. Et les caisses en bois ont de quoi interpeller les passants, comme Jean, en balade sur la plage « Je n’avais jamais vu ça avant. On comprend vite à quoi cela peut servir et c’est une bonne initiative » clame le Picard. Depuis cinq ans, l’installation a trouvé sa clientèle, désireuse de sauvegarder cette longue étendue de sable. Le week-end, les bacs à marée sont plein. Synonymes d’une pollution toujours d’actualité d’une partie des visiteurs. Mais signe d’un civisme sans faille d’une autre partie des passants amoureux des lieux.
C’est le cas de Claude qui vient souvent dans les dunes de Fort-Mahon pour se balader et qui regrette le trop grands nombres de morceaux de plastique qui jonchent le sol « À chaque fois que je viens, je ramasse l’équivalent d’un sac d’ordures. C’est beaucoup, et encore je suis obligé d’arrêter sinon j’y passerai mes journées » concède le visiteur. Si certains remplissent les deux bacs, d’autres se servent des objets trouvés pour leur donner une seconde vie.
« On peut passer des déchets à l’art »
La démarche zéro déchet tient à cœur une partie de la population. C’est le cas aussi d’entrepreneurs qui souhaitent agir, à leur échelle, pour lutter contre la pollution des plages. Karine Vichery, habitante de Saint-Valéry-sur-Somme a lancé son entreprise « Déco Trèfle » en 2018. Après une longue carrière dans l’industrie, elle a tout plaqué pour son loisir créatif « Ça m’est venue naturellement. Depuis toute petite, je me balade sur les plages de la côte picarde et j’ai eu envie de faire quelque chose ».
Tout ce que je peux transformer, je le fais, sinon je jette (à la poubelle)
Du Hourdel à Ault, en passant par Cayeux-sur-Mer, Karine Vichery est la seule créatrice de décoration en France et même en Europe. Pour elle, il faut agir pour préserver ce patrimoine : « Je suis née et j’ai mes racines ici. Depuis dix ans, il y a une grande dégradation des plages. Les gens laissent derrière eux tout un tas de déchets, qui peut parfois être utile pour habiller un intérieur » clame l’entrepreneuse.