La nouvelle, annoncée ce mardi 5 novembre 2024, a été accueillie avec un enthousiasme certain, quoique mitigé. Une lueur d’espoir luit pour le devenir des éléphants de Sumatra, et rappelle que ces mammifères originaires d’Asie sont au seuil d’une disparition imminente.
Il ne subsisterait aujourd’hui pas moins de 2 400 à 2 800 individus à l’état sauvage, estime le Fonds mondial pour la nature (autrement connu sous le célèbre sigle WWF), organisation de référence en faveur de la protection de l’environnement et de la faune sauvage. La naissance miraculeuse de ce nouveau spécimen soulève l’importance cruciale des enjeux de préservation de l’espèce, classée en danger critique d’extinction depuis 2012.
Le fragile cadeau de la cigogne
L’éléphanteau, une femelle de 104 kg, est venu au monde le lundi 4 novembre au sein du site touristique de Buluh Cina, dans l’ouest de l’Indonésie. Une nouvelle prodigieuse, portée aux aurores du mardi 5 novembre par le chef de l’agence locale chargée de la protection de la nature. Le mammifère nouveau-né, qui n’a pas encore été baptisé, « est en bonne santé, vif et recherche activement le lait de sa mère », précise le responsable de l’agence locale.
La naissance de l’animal est cependant tout aussi réjouissante qu’ambivalente. Même s’il s’agit indéniablement d’un heureux évènement pour le devenir des pachydermes, il n’en reste pas moins rarissime pour cette sous-espèce d’éléphants d’Asie. Elle est notamment reconnaissable à la taille de ses oreilles, plus grandes que celles de ses congénères.
La première naissance connue d’éléphant de Sumatra depuis fin 2023
Il y a un an, le parc national de Way Kambas, situé dans le sud-ouest de l’Indonésie, était lui aussi porteur d’heureuses nouvelles, avec la naissance de deux nouveaux spécimens de cette même espèce, fin 2023. À ce sujet, la ministre indonésienne de l’Environnement et des Forêts s’était exprimée : « Cette bonne nouvelle doit nous encourager, nous les Indonésiens, à poursuivre les efforts de préservation des espèces protégées dans le pays ».
La venue de la nouvelle pensionnaire sur le site touristique de Buluh Cina est donc la troisième naissance d’éléphant de Sumatra recensée dans un espace protégé. La première annoncée toutefois en cette fin 2024, pour une espèce au bord du précipice de l’extinction.
Le braconnage et la déforestation nuisent à sa préservation
Classée depuis plus de dix ans en danger critique d’extinction, la menace pèse sur la population des éléphants de Sumatra. En cause, les fléaux du braconnage de leurs défenses et la déforestation de leur habitat naturel qu’elle partage avec plusieurs autres espèces menacées, dont le rhinocéros de Sumatra. Le constat est tout aussi alarmant pour les mammifères à cornes : environ seulement 80 rhinocéros de Sumatra occuperaient l’île de Sumatra et de Bornéo, selon le Fonds mondial pour la nature.
L’Indonésie s’est depuis engagée dans une lutte permanente contre la criminalité relative aux espèces sauvages pour tenter d’endiguer le braconnage. Les défenses en ivoire des éléphants de Sumatra, même de petite taille, sont très prisées et alimentent le marché noir.
Les ravages de la déforestation participent également à l’extinction progressive de l’espèce. D’un point de vue statistique, au cours des 25 dernières années, plus des deux tiers de son territoire ont été rasés. Et près de 70 % de son habitat naturel ont été détruits en une génération. La cohabitation entre humains et éléphants est rendue impossible : la réduction de son territoire génère des situations conflictuelles dans les zones de culture.
Tout comme les pandas géants de Chine, emblème de la protection de la nature, chaque naissance d’éléphant de Sumatra compte et contribue au lent repeuplement de l’espèce.