À l’heure où la presse semble se concentrer sur les déboires de Pierre Palmade, ou de la tenue du salon de l’Agriculture à Paris, le gouvernement tyrannique de la République islamique d’Iran à une nouvelle fois frappé. Une affaire d’empoisonnement visant de jeunes filles au sein de leurs établissements scolaires est attribuée, selon les autorités, à des attaques clandestines d’opposants à la scolarisation de filles. Une version immédiatement contestée par de nombreuses figures d’opposition.
Mardi 28 février, non loin de Téhéran, 35 élèves de l’école pour filles de Khayyam, à Pardis, “ont été transférées en urgence à l’hôpital”, après avoir été intoxiquées, selon l’agence de presse Tasnim. Depuis plusieurs mois maintenant, ce qui est appelé comme “l’affaire d’empoisonnement d’écolières” fait état d’une propagation mystérieuse de substances gazeuses dans de nombreux collèges du pays. Pourtant dans chaque cas recensé, aucun de ces enfants ne se trouvait dans un état préoccupant en amont de ces attaques.
D’abord Qom, Ispahan, puis Borujerd…et maintenant Téhéran
Il faut remonter au mois de novembre, lorsque les premiers cas d’empoisonnement touchent une centaines de jeunes filles de la ville sainte de Qom. Toutes scolarisées dans les mêmes établissements, un gaz inodore se serait glissé dans les différentes salles de classe. Provoquant à sur son passage une détresse respiratoire et une immobilisation complète ou partielle de certaines parties du corps.
Alors que les révoltes, contre le meurtre de Masha Amini faisaient trembler le pays, le silence des pouvoirs publics semblait suspect. Souvenez-vous, quelques semaines plus tôt, une photo, devenue symbole de la rébellion, faisait le tour du monde. De jeunes collégiennes, le dos tourné et les cheveux détachés, levaient un doigt d’honneur face au portrait du guide suprême, leurs voiles déchirées à la main.
Ce n’est que dimanche dernier, dans un bref communiqué, que le ministère de la Santé explique que les exactions perpétrées sont le fait de « certains individus qui cherchent à fermer toutes les écoles, en particulier les écoles de filles ». Ils seraient à même d’utiliser des “composés chimiques disponibles” librement sur le marché, excluant par la même occasion toutes substances à usage militaire.
Face à l’inquiétude générale grandissante, Ahmad Reza Radan, chef de la police nationale iranienne, annonce dans la foulée que les forces de l’ordre étaient “en train d’identifier les possibles suspects”. Pourtant après une “réunion d’urgence” demandée par le Parlement, en présence des ministères de l’Éducation, des Renseignement et de la Santé, le discours du gouvernement change subitement.
Mercredi le vice-ministre de l’Intérieur, Majid Mirahmadi, explique au cours d’une conférence de presse que : “99% de ces problèmes ont été causé par le stress, les rumeurs et la guerre psychologique créé par les chaînes de télévisions hostiles, pour troubler les étudiantes et les parents”. D’un revers de manche, le pouvoir exécutif balaie les soupçons et avec eux la mort d’une adolescente survenue le même jour, en la ville sainte de Qom.
La vengeance de « fanatiques misogynes »
Cette affaire survient dans un contexte politique tendu en Iran. Les manifestations contre l’assassina de Mahsa Amini troublent encore les institutions islamiques. De nombreux militants et/ou opposants politiques ont comparé ces attaques aux talibans en Afghanistan.
Figure de l’opposition iranienne, Hamed Esmeailion accuse dans un tweet la République islamique “de se venger des femmes pour leur courageuse résistance”. Le média Iranwire révélait par ailleurs mardi la présence d’hommes, présentés comme des membres des gardiens de la révolution, au sein d’écoles de filles, montrant des vidéos pornographiques. Interrogé par nos confrères de 20 minutes, la sociologue et chercheuse à l’université de Paris cité, Azadeh Kian, explique : “Ce sont des actes d’intimidation contre des jeunes filles très mobilisées. L’idée est de leur dire “voici ce qu’il se passe si vous continuez à protester”. C’est une véritable talibanisation du pouvoir iranien.”
Le gouvernement doit faire face aujourd’hui à la pression internationale, qui s’indigne depuis le début de la révolte des ses exactions. Ne pouvant plus imposer la terreur de manière concrète en tuant directement en prison ou dans la rue, il semble avoir trouvé, selon la spécialiste, une solution beaucoup plus radicale. Toujours à nos confrères de 20 minutes, elle explique : “Pendant les émeutes, elles étaient particulièrement actives, elles n’avaient pas peur et étaient sur le devant de la scène. Ces méthodes servent à leur montrer que, même si elles ne sont pas tuées, une vengeance est possible”.
Un acte pour le moins lâche, dont l’enquête ne mènera probablement nulle part. Elles seraient plus de 800 à être touchées, un chiffre qui ne cesse d’augmenter depuis le début de la semaine.