A la barre du tribunal de Lille, une affaire d’abus de biens sociaux s’est tenue vendredi. Deux anciens associés dans plusieurs entreprises. L’un deux, Didier F. est soupçonné d’avoir détourné plusieurs milliers d’euros à son profit. Pour sa défense, il évoque des frais de déplacement. Le jugement définitif sera prononcé le 5 décembre.
L’ambiance détendu de ce début de séance s’est pourtant rapidement électrifiée. Malgré la seule présence du personnel du tribunal, des avocats et de leur client, le ton est rapidement monté. D. F., ancien président de leurs sociétés et P‑M. F., son ex-associé, se toisent…
« Je veux qu’il nous rembourse »
Lorsque P‑M. F. se présente à la barre, habillé en costume deux pièces, il accuse son ancien associé de s’être servi des fonds de plusieurs de leurs sociétés afin d’y prélever de l’argent à des fins personnelles. Selon lui, il aurait fabriqué de fausses factures de remboursement, à des dates où leurs entreprises n’existaient pas encore et se serait versé lui-même de l’argent afin que les créanciers ne puissent pas y avoir accès. « Les sociétés ont besoin de cet argent, tu ne peux pas vider les caisses pour éviter qu’un bailleur s’en saisisse », fustige-t-il, avant de demander à son ex-associé de le rembourser, lui et les sociétés. Laurent R., comptable des entreprises et absent lors de l’audience mais ayant été entendu par des enquêteurs, est du même avis que P‑M. F.. « Malgré ce qu’assure D. F., je n’ai pas eu de factures, D. F. a effectué seul ces virements alors que tous ses frais avaient déjà été remboursé. Il s’est remboursé lui-même une première fois et même une deuxième fois ». Selon les deux hommes, D. F. aurait encore eu accès aux comptes bancaires, fiscaux et comptables des entreprises alors même qu’il avait démissionné en 2020.
Des circonstances atténuantes ?
L’ancien président, quant à lui, est habillé plus sobrement et, lorsqu’il arrive à la barre, détonne dans le paysage. « Il n’y avait aucune malversation, aucune malveillance. Je n’avais pas accès à la logistique comptable », explique-t-il calmement. « En 2015, j’étais noyé sous le travail et faisais confiance à P‑M. F. pour qu’il rembourse mes notes de frais. J’ai remarqué qu’il ne me les avait jamais remboursés et comme je piochais dans mon compte personnel, ça a commencé à devenir dur ». Il explique également avoir eu des problèmes de santé durant cette période qui continuent encore aujourd’hui. Il n’avait plus de quoi vivre et aurait finalement procédé de lui-même à ses remboursements. « Il n’y a pas un centime en plus de ce que vous avez dit », indique-t-il au juge.
Après avoir entendu les témoignages de chacun, le procureur de la République a fait savoir qu’il souhaitait que le prévenu écope d’une peine d’un an d’emprisonnement avec sursis suivi du dédommagement des parties civiles.
La décision finale sera toutefois rendue le jeudi 5 décembre à 14h.