Historiquement disputé entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, le Haut Karabakh a fini par se rendre à ce dernier, contre la volonté des 120 000 Arméniens qui y vivent, contraints désormais de fuir sous les balles du gouvernement ennemi qui ne compte pas leur laisser de répit. Une situation qui se déroule tragiquement sous le regard silencieux de la scène internationale.
Ils sont déjà 65 000 à avoir fui la région. Hommes, femmes, enfants ont rassemblé l’essentiel avant de prendre la route pour quitter l’enclave de l’Artsakh (Haut-Karabakh) et rejoindre le reste de l’Arménie. L’ultime offensive de l’Azerbaïdjan fin septembre, ayant fait 200 victimes du côté arménien, n’a pas laissé au gouvernement le choix de capituler. Ainsi le 1er janvier 2024 s’effectuera la dissolution de toutes les institutions et organisations gouvernementales, a annoncé le 28 septembre le président du Haut-Karabakh, Samvel Chakhramanian.
Des puissances internationales timidement sévères
Le Conseil de l’Europe a émis un appel pressant à l’Azerbaïdjan pour qu’il respecte le droit des personnes déplacées de la région à retourner chez elles en toute sécurité et dignité. Cette déclaration rappelle l’importance de protéger ces individus contre la violence et l’intimidation, soulignant ainsi les enjeux humanitaires cruciaux en jeu, malgré les appels à l’aide toujours plus pressants de l’Arménie depuis les violations azerbaïdjanaises du cessez-le-feu mis en place en 2020. D’ailleurs, la situation sur le terrain reste tendue, comme en témoigne l’incident de lundi où un soldat arménien a perdu la vie et deux autres ont été blessés. L’événement s’est produit lorsque leur véhicule a été pris pour cible par les forces azerbaïdjanaises à Kut, près de Sotk, dans la zone frontalière. Tragédie preuve de la volatilité persistante de la situation depuis l’attaque précédente dans le Haut-Karabakh.
« Si les condamnations (de la communauté internationale) ne sont pas suivies de décisions politiques et juridiques adéquates, alors ces condamnations deviendront des actes de consentement avec ce qui se passe », a dénoncé Nikol Pachinian, premier ministre arménien. Ils sont en effets nombreux les chefs d’Etats à avoir prononcer des condamnations à l’encontre de l’Azerbaïdjan, mais aucune mesure suffisamment ferme pour le dissuader de s’attaquer aux séparatistes. De son côté, l’équipe de l’ONU qui a récemment visité la région a affirmé ne pas avoir constaté de destructions majeures ni recueilli de témoignages directs de violences contre les civils. Cependant, des inquiétudes subsistent, car des témoignages et des vidéos non authentifiées font état d’exactions commises par des soldats Azéris à l’encontre de civils dans l’enclave attaquée ces derniers jours. Pour certains, ces événements se veulent la continuité du génocide de 1915, dénonçant ainsi la volonté du gouvernement azerbaidjanais de perpétuer une agression à grande échelle et de vouloir effectuer un nettoyage ethnique sur la population arménienne présente sur ce sol depuis près de deux millénaires.