Après avoir franchi le cap symbolique des 20 000 abonnés en mai dernier, Ilévia, l’exploitant du réseau de transport de la Métropole Européenne de Lille (MEL), a lancé avec faste une nouvelle génération de vélos V’Lille. Plus légers, plus maniables et plus pratiques, ces derniers ont rapidement attiré l’attention… des vandales. Sabotés puis retirés de la circulation fin septembre, l’avenir de ce moyen de locomotion est fortement remis en cause.
148 vélos dérobés. C’est le lourd tribut auquel doit faire face Ilévia après la mise en place d’une nouvelle flotte, mi-septembre, du moyen de transport le plus aimé des Lillois. Malgré une coopération active et efficace avec la police, permettant à 90 vélos d’être retrouvés, cet évènement crispe tous les acteurs, des politiques aux usagers.
Un coup dur alors que le V’Lille voit son utilisation suivre une croissance continue d’année en année depuis l’intégration du service en 2011. Doublement des stations, au nombre de 266 aujourd’hui, 2600 vélos en circulation et un chiffre record de 3 millions de locations sur l’année 2024. Mais cette popularité a un prix. Rien que 4 millions d’euros ont été détachés par la Métropole Européenne de Lille (MEL) pour mener à bien le renouvellement du parc cycliste de la Capitale des Flandres. Chaque problème est donc une grossière perte d’argent pour la ville.
Un défaut de conception
Comme l’indique le quotidien La Voix du Nord, les évènements récents sont liés à une fragilité bénigne située au niveau de la patte de fixation du vélo permettant ainsi, en un tournemain et sans outils spécifiques, de libérer la bicyclette. Un nouveau problème, après celui déjà aperçu lors de la mise en place des V’Lille en 2011, où 10% du parc avaient été volés dans les deux mois suivant son introduction à cause, là encore, d’un défaut d’accroche.
Critiques et concurrence
Sur les réseaux sociaux et dans la rue, les usagers s’exaspèrent et les politiques, adversaires de la mairie lilloise, s’en donnent à cœur joie alors que dans le même temps le métro lillois peine à satisfaire. Ilévia a ainsi été sommé par la MEL de travailler en étroite collaboration « avec le constructeur afin de renforcer au maximum la sécurité du dispositif », alors que se renvoie la faute à tour de rôle Keolis et Oxylane, les deux partenaires du projet. La MEL attend une « assurance » sur les « choix techniques » observés par les constructeurs en espérant un retour à la normale en novembre.
Pendant ce temps, Lime, concurrent électrique du V’Lille, accélère son déploiement dans la métropole, avec l’ambition d’ajouter 1 000 vélos et trottinettes d’ici la fin de l’année. Une concurrence malvenue pour un service public lillois en danger, qui peine à voir un bel avenir pour la figure de proue de son projet de mobilité douce.