Plus de budget, des sanctions plus sévères, l’association #Noustoutes veut que le gouvernement agisse rapidement contre les violences faites aux femmes. Cependant les femmes racisées peinent à trouver leur place dans ce mouvement.
Des milliers de personnes ont défilé contre les violences faites aux femmes samedi dernier. Cinq ans après le mouvement #Metoo et à une semaine de la journée internationale des femmes, les femmes en France se battent toujours pour faire entendre leur voix. L’association #NousToutes, qui a organisé la manifestation, est l’une des organisations féministes les plus actives en France. En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui, au cours d’une année, sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur conjoint ou ex-conjoint, est estimé à 213 000. La manifestation a réuni samedi 19 novembre plus de 3000 participants à Lille et des dizaines de milliers dans toute la France. Sur les pancartes, on peut lire des citations comme « mon corps, mon choix », « l’amour ne signifie pas de tuer » ou « seul un oui est un oui ».
Les droit des femmes : un problème beaucoup plus complexe
Parmi elles, Estelle, 24 ans, présente dans la foule et qui est serveuse dans un café : « Je suis fatiguée de la violence fait aux femme, J’en ai marre des hommes qui me mettent la main au cul sans mon consentement, quand je sors du boulot tard le soir, j’ai peur de rentrer toute seule, alors je prends un uber ». Mais même uber n’est pas aussi sûr que ça, de nombreuses femmes ont fait part de leur terrible expérience avec ses chauffeurs. Rentrer seule chez soi à pied est un problème, les femmes doivent être conscientes de qui se trouve derrière elles lorsqu’elles marchent, surtout la nuit. Les femmes sont exposées au sexisme au travail et au harcèlement sexuel. Certaines sont violées dans leur propre maison par leurs maris, leurs partenaires et même des membres de leurs familles. Les lois visant à protéger les femmes de la violence ont été modernisées au cours des siècles en France, les femmes ont obtenu le droit de voter, de décider de leurs propres droits de reproduction et elles ont même trouvé leur place dans une société qui est très patriarcale. Mais quel est le problème principal, pourquoi les gouvernements ont-ils du mal à s’attaquer à la violence contre les femmes, est-ce de la mauvaise fois ou juste une politique qui est incohérente avec notre société ?
La plupart des gouvernements s’attaquent à la violence à l’égard des femmes en faisant de la pédagogie avec des campagnes, des stages etc… mais aucune de ces méthodes ne semble être très efficace : seulement 0,5% des violeurs sont inculpés, la police ne prend pas l’affaire au sérieux et n’est pas formée pour recevoir des femmes victimes de violences. Et quand même il y a de la violence dans le ménage, la femme est souvent celle qui doit quitter le foyer familial, ce qui est parfois impossible. Car les coûts sociaux et économiques de la violence sexuelle et de la violence entre partenaires intimes sont énormes et ont des répercussions sur l’ensemble de la société. Les femmes peuvent souffrir d’isolement, d’incapacité à travailler, de perte de salaire, de manque de participation à des activités régulières et de capacité limitée à prendre soin d’elles-mêmes et de leurs enfants, les femmes à faible revenu étant les plus vulnérables.
Les mouvements féministes ne sont pas aussi inclusifs que ça.
Pour avoir fait beaucoup de manifestations pour les droits des femmes, j’ai remarqué que les femmes racisées, les hommes de couleur et les hommes sont rares dans ces manifestations. Pourquoi ces mouvements n’attirent-elles pas ces catégories de groupes ? J’ai parlé à beaucoup de femmes de couleur qui m’ont dit que ces mouvements sont souvent loin de leur réalité. Les femmes noires sont souvent moins susceptibles d’être associées au concept de « femme typique » et sont considérées comme plus semblables aux hommes noirs qu’aux femmes blanches, ce qui peut conduire certains mouvements antiracistes et féministes à ne pas défendre les droits des femmes noires. Les femmes noires sont souvent oubliées dans les conversations sur le racisme et le sexisme alors qu’elles sont confrontées à une combinaison unique de ces deux formes de discrimination simultanément. Les femmes noires n’ont pas les ressources nécessaires pour mener une lutte acharnée contre le sexisme tout en ignorant le rôle du racisme systémique. Les femmes blanches ont le privilège de ne jamais avoir à tenir compte de leur race lorsqu’elles se battent pour leurs droits. De même, les hommes noirs n’ont jamais à craindre que leur sexe les freine sur le plan socio-économique. Les femmes noires veulent lutter contre le sexisme et le racisme pour créer une société plus équitable. Cependant, mener une bataille sur deux fronts a conduit à deux campagnes inefficaces au lieu d’une seule réussie. Les femmes noires sont devenues les alliées de tout le monde sans avoir un groupe qui s’allie de tout cœur avec elles. Elles ont déversé des litres d’efforts mais n’ont produit que quelques gouttes de progrès.
Si les féministes veulent surmonter l’échec, elles doivent faire de l’antiracisme un point essentiel de leur programme, au même titre que la lutte pour l’égalité des salaires et la liberté de procréation. De même, si les hommes noirs veulent que le mouvement de libération des Noirs réussisse, ils doivent reconnaître la légitimité de la lutte contre la misogynie.