L’élection du nouveau président des Maldives en novembre 2023 est un tournant pour l’avenir de l’archipel. Avec des promesses d’évolution démocratique, le mandat de Mohammed Muizzu s’annonce principalement géopolitique, avec un renforcement des relations sino-maldiviennes.
Là où l’Occident n’est pas, la Chine accourt. Après une vague d’implantation sur le continent africain, la Chine gagne une nouvelle bataille d’influence dans l’Océan Indien. Son économie grandissante et son souhait de s’imposer sur la scène internationale l’ont mené aux Maldives.
Depuis l’Antiquité, l’Inde et l’archipel maldivien ont créé une relation forte, basée sur des échanges commerciaux. La culture et la religion ont ensuite consolidé ces échanges. Avant l’islamisation des Maldives au XIIe siècle, l’hindouisme et le bouddhisme étaient les principales religions de l’archipel, dont il reste encore des vestiges. Malgré ce renouveau religieux, les relations culturelles et économiques indo-maldiviennes sont restées ancrées. De nombreux Maldiviens se rendent en Inde pour des études, des soins médicaux ou simplement pour le plaisir, renforçant ainsi les liens entre les deux nations.
Au cours du XXIe siècle, l’Inde a été d’une grande aide pour le développement de l’archipel, notamment en termes d’infrastructures et d’aide humanitaire lors des catastrophes naturelles. Mais peu à peu, la menace grandissante chinoise est venue apporter des tensions entre les Maldives et l’Inde, jusqu’aux dernières élections présidentielles.
Une élection cruciale pour le peuple maldivien
L’élection de Mohammed Muizzu – ancien maire de Malé, capitale des Maldives – en novembre 2023, est cruciale pour l’avenir du pays. Malgré une transition démocratique ces dernières années, le pays n’est pas encore stable politiquement. La transition en 2018 d’un régime perçu comme autoritaire, sous le joug de Abdulla Yameen, à un gouvernement démocratique avec l’élection d’Ibrahim Mohamed Solih a perturbé le pays. Le nouveau président a donc la tâche primordiale de continuer et soutenir ces avancées démocratiques, et renouer une confiance avec le peuple maldivien.
Outre le renforcement démocratique, Mohammed Muizzu doit s’attaquer aux défis économiques auxquels les Maldives sont confrontées, en particulier depuis la pandémie de COVID-19 qui a durement touché le secteur crucial du tourisme. Ainsi, son mandat s’inscrit dans le développement des relations internationales du pays, notamment avec les acteurs régionaux, comme l’Inde et la Chine. Mohammed Muizzi est membre du parti Maldives Development Alliance (MDA), qui a historiquement entretenu des relations étroites avec la Chine. Si les Maldives comptent conserver des relations amicales avec l’Inde, le mandat de Mohammed Muizzu promet un renforcement des relations sino-maldiviennes.
Un avenir sino-maldivien, au détriment de l’Inde
Tout en se rapprochant du géant chinois, les Maldives se détachent alors de leur voisin septentrional. Les relations sino-maldiviennes se sont renforcées en ce mois-ci. Le lundi 4 mars, le ministère de la Défense des Maldives a annoncé avoir signé un accord militaire avec Pékin, dans le but de « renforcer les liens bilatéraux ». Ainsi les militaires indiens présents sur le territoire maldivien sont sommés de quitter le territoire avant le 10 mai. Ils avaient été déployés par New Delhi à Malé, pour surveiller sa vaste frontière maritime.
Comme le Sri Lanka, les Maldives occupent une position stratégique commerciale, entre les routes maritimes internationales de l’Est et de l’Ouest. D’où l’intérêt de la Chine pour ces nations insulaires. Si Pékin réussit à s’implanter aux Maldives, ce n’est pas aussi facile au Sri Lanka. Sous la pression de l’Inde, le gouvernement sri-lankais avait interdit l’accostage d’un navire chinois en février dernier, soupçonné d’espionnage. Les Maldives avaient reçu le même avertissement indien, mais sans l’écouter.