« Upcycler » ses sous-vêtements en un coup… d’aiguille ? C’est le pari réussi de deux entrepreneuses lilloises qui reconditionnement nos vieux soutiens-gorge pour leur offrir une renaissance. Reportage.
Ô cher soutif usé et délaissé au fond de ma penderie, que vais-je faire de toi ? Te jeter au vide-ordure tels les 10 kilos de textiles consommés par an et par habitant, d’après les chiffres du ministère de l’Écologie ? Suspends ton geste… Et direction Roubaix où Marie et Margaux, armées de fils, d’aiguilles et d’huile de coude ont trouvé la solution éco-responsable idéale.
Mardi 20 septembre, il est 10 heures. En apparence, le campus Jean Arnault roupille encore. Pourtant dans les bureaux réservés aux Start-up en incubation de l’EDHEC, deux jeunes femmes sont à l’ouvrage. Devant elles, des milliers de soutiens-gorges à bout de souffle attendent de reprendre vie entre leurs mains.
« En décembre 2020, au cours d’une soirée entre nanas, nous en sommes venus à parler de nos soutifs. Et on s’est dit que lorsqu’on voulait investir dans un tel produit, ça serait bien d’en trouver des respectueux de la planète et de ne pas se laisser aller à la facilité de la fast-fashion », explique Marie, ex-étudiante de l’EDHEC. L’idée murit dans l’esprit des deux jeunes femmes et en mars 2021, elles lancent leur entreprise Abracadabra. Première étape : collecter des soutiens-gorges défraichis et désaimés.
1 tonne de matière utilisée et 1 000 tonnes d’eau économisées
« On a alors installé plusieurs points de collecte en France. Dans des épiceries en vrac, des magasins de mode éco-responsables… Certaines personnes nous en envoient même par voie postale. Tout est allé très vite ! », se rappelle Margaux, l’ingénieure de l’équipe. Aujourd’hui, les deux jeunes femmes ne comptent plus les dons collectés : au moins 10 000 soutiens-gorge au total.
« Puis vient l’étape du reconditionnement », poursuit Margaux, « on n’ajoute rien hormis du fil. On change les baleines, les bretelles, les dos en les prenant sur d’autres soutiens-gorge. On ne repense pas le modèle. On remplace seulement les pièces abimées. » Et la magie opère : à l’heure actuelle, elles ont sauvé plus de 1 000 soutiens-gorge, réutilisé plus d’une tonne de matière, et économisé 1 000 tonnes d’eau. Un vrai miracle lorsque l’on sait qu’il faut plus de 1 350 tonnes d’eau pour produire un seul soutien-gorge !
Des triangles, des brassières et des balconnets… Il y en a pour toutes les morphologies et toutes les envies. Et lorsque le modèle est trop usé pour être sauvé ? « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », s’amuse Margaux en dévoilant des chouchous à cheveux et des noeuds papillon confectionnés avec les chutes. « L’aventure ne fait que commencer ! » conclut Marie. Surtout qu’elles s’emparent d’un marché en plein essor. Depuis l’année dernière, les grandes multi-nationales Etam et Intimissi ont également lancé leurs programmes de recyclage de leurs produits usagers. Comme quoi, les soutifs ont plus d’un tour dans leurs bonnets…
Vous pouvez retrouver les différents soutiens-gorge upcyclés, entre 18 et 40 euros, sur le site Abracadabra .