Entre métro souvent plein, pistes cyclables en expansion et piétons de plus en plus nombreux, les Lillois adaptent leurs habitudes. La capitale des Flandres mise sur des solutions plus vertes pour alléger le poids de ses trajets du matin.
Chaque matin, entre 7 heures et 9 heures, Lille se transforme en une véritable fourmilière en mouvement. Qu’ils pédalent, marchent, s’entassent dans le métro automatique ou s’arment de patience dans les bouchons, les Lillois doivent composer avec un quotidien de plus en plus contraint, mais parfois aussi inventif.
Le métro, victime de son succès
Lille dispose de deux lignes de métro qui s’étendent sur 45 km et desservent plus de 60 stations. Entièrement automatisé, ce réseau est le plus long métro sans conducteur au monde. Le premier tronçon a été inauguré le 25 avril 1983. Aujourd’hui, il figure parmi les modes de transport les plus utilisés des Lillois, avec environ 185 000 voyageurs quotidiens. La capacité théorique des rames atteint 10 000 personnes par heure et par sens.
Cependant, le métro est aujourd’hui victime de son succès. Chaque matin, des milliers de voyageurs s’y croisent aux heures de pointe. Entassés, encore à moitié endormis, dans une chaleur qui grimpe vite, au rythme des bruits mécaniques des rames, l’expérience est loin d’être agréable. Louis, étudiant, souligne que « le métro est régulier et passe souvent mais le point noir serait qu’il n’existe pas beaucoup de jonctions entre la ligne 1 et la ligne 2. À Gare Lille-Flandres, aux heures de pointe, je dois souvent attendre le deuxième métro parce qu’il y a trop de monde ».
Les pannes sont devenues relativement fréquentes en 2025. Au mois de mai, deux pannes d’une ampleur exceptionnelle ont paralysé le réseau, dont une qui a duré près de 72 heures. Lisa, chargée de communication, exprime son mécontentement : « J’ai déjà loupé un train important parce que le métro était bloqué à quai. Je ne prends pas le métro souvent mais je n’imagine pas la frustration des usagers quotidiens. »
Malgré quelques points négatifs, le métro continue d’être un mode de transport apprécié des Lillois pour sa praticité et son réseau. Il émet environ huit fois moins de CO₂ par kilomètre qu’une voiture. Par exemple, pour un trajet de 20 km, un passager émet environ 0,3 kg de CO₂ en métro, contre 2,4 kg en voiture.
Le vélo et la marche n’ont jamais eu autant la cote
Lille dispose d’un réseau de pistes cyclables en pleine expansion, avec plus de 230 km d’aménagements prévus à terme pour relier les principaux quartiers et les communes de la métropole. Pour la période 2024 – 2026, 166 km de nouvelles pistes doivent être créés, tandis que 34 km existants seront améliorés.
Pas de vélo chez vous ? Pas de panique : V’lille met à disposition 2 600 vélos en libre-service répartis dans toute la ville. Quentin est un fervent adepte du deux-roues : « Je n’ai pas la place chez moi pour avoir un vélo donc j’utilise ceux de la ville. On peut vraiment aller où on veut », explique-t-il. Il souligne néanmoins le principal inconvénient : « J’adapte mes déplacements en fonction de la météo, il faut pas oublier qu’on reste à Lille ! »
Le mode de transport le plus écologique reste la marche. Dans les Hauts-de-France, elle représente 18,1 % des déplacements domicile-travail, ce qui la place en deuxième position, juste derrière la voiture. Avec une superficie de seulement 34,5 km², Lille se traverse facilement : il suffit d’une vingtaine de minutes pour relier un bout de la ville à l’autre en empruntant les grandes diagonales ou les axes centraux.
Santé publique France rappelle que le minimum recommandé pour un adulte est de 7 000 pas par jour, et conseille de pratiquer au moins 30 minutes de marche rapide quotidienne, pouvant être fractionnées en plusieurs périodes de 10 minutes.
Des alternatives écologiques
Le covoiturage domicile-travail progresse à Lille, porté par des plateformes comme Blablacar Daily ou Karos, en forte croissance. Pour les usagers, l’avantage est d’abord économique, mais cette pratique contribue aussi à la réduction des émissions de CO₂ : on estime qu’un trajet de 20 km partagé permet d’éviter environ 4 kg de CO₂ par rapport à une voiture utilisée en solo.
En 2025, en France, le télétravail reste une pratique installée mais minoritaire selon les jours de la semaine. Entre 22 % et 29 % des salariés télétravaillent au moins une fois par semaine. Cette modalité concerne surtout les cadres et professions intellectuelles supérieures, tandis que les ouvriers et employés disposent de beaucoup moins de marges pour y recourir. Selon France Urbaine, le télétravail n’a pas entraîné de baisse significative du trafic routier, mais il a contribué à réduire la fréquentation des transports en commun aux heures de pointe.