Déjà réservée aux piétons le samedi, la Grand’Place de Lille va le devenir toute la semaine. Depuis juin, les citoyens ont été invités à choisir entre deux scénarios de piétonnisation. La concertation s’est terminée fin septembre, mais la décision finale se fait encore attendre.
La célèbre place du Général-de-Gaulle va-t-elle se débarrasser définitivement des automobilistes ?
L’idée est née à la fin du confinement de 2020. Depuis mai 2021, la place est piétonne le samedi. Arnaud Deslandes, maire de Lille depuis mars 2025 avait affiché ce projet comme l’un de ses souhaits dès sa nomination : « C’est quand même plus agréable, que l’on soit en famille ou entre amis, de pouvoir marcher sur la Grand’Place sans se soucier de la présence des voitures.». Fin juin, il a officiellement annoncé lapiétonnisation permanente de la Grand’Place « pour les fêtes de fin d’année, au plus tard début 2026 ». Quelques jours plus tard, une concertation a été lancée afin que chacun ; résidents comme visiteurs, puisse donner son avis.
Deux scénarios ont été proposés :
-> Scénario 1 : piétonnisation limitée entre la rue Faidherbe et la rue Nationale.
-> Scénario 2 : piétonnisation élargie à une partie des rues Pierre Mauroy et Esquermoise.
Dans les deux cas, le parking souterrain resterait accessible depuis la rue Nationale, comme c’est déjà le cas le samedi.
La concertation ouverte le 27 juin, s’est clôturée le 26 septembre, avec plus de 12 000 participants. Franck Hanoh, adjoint au maire, s’est montré satisfait de la mobilisation. Quelques jours plus tôt, à l’occasion de la « Journée mondiale sans voiture », la mairie avait installé un point d’accueil sur la place pour inciter citoyens et commerçants à contribuer.
Mais alors, qu’en pensent vraiment les Lillois ?
Les avis sur le projet restent nuancés.
Owen V, automobiliste, s’inquiète de l’impact sur les trajets quotidiens : « Si on coupe la Grand’Place, ça fait des détours. Beaucoup viennent pour les cours ou le travail et ne veulent pas forcément prendre les transports ». Pour lui, l’idée est bonne sur le plan écologique, mais « rien ne pourra fonctionner tant que les transports en commun ne seront pas développés ».
Mathéo M, usager du train, se montre favorable à l’extension de la zone piétonne : « C’est agréable d’avoir un centre sans voitures, mais ce n’est pas une révolution. Il y a déjà peu de voitures qui circulent ».
Même constat pour Sarah D, étudiante : « Franchement, les voitures ne m’ont jamais beaucoup dérangée dans cette zone ». Elle redoute surtout un projet trop étendu : « il ne faudrait pas rendre la ville inaccessible en voiture.»
Finalement, c’est la place de la voiture en ville qui est repensée. Comme d’autres grandes métropoles, Lille se dirige à son tour vers la dynamique des « centres apaisés » pensés pour les mobilités douces. Une transition saluée pour ses bénéfices écologiques et le bien-être des promeneurs. Mais qui soulève des questions : saturation des axes périphériques, accessibilité, transports en commun jugés insuffisants. Le scénario retenu sera dévoilé le 8 octobre, parviendra-t-il à concilier résidents, visiteurs et commerçants ?
