Depuis plusieurs semaines, Madagascar est secouée par des manifestations menées par la jeunesse. Les rassemblements se multiplient, mais leurs revendications restent ignorées.
Le 15 septembre, la jeunesse malgache manifestait pacifiquement lors de la journée internationale de la démocratie. Leur objectif : dénoncer les pénuries d’eau et d’électricité. Dix jours plus tard, la mobilisation prend de l’ampleur. Les revendications restent les même. Le changement : la violence des forces de l’ordre. Sariaka, étudiante lilloise franco-malgache a manifesté dans sa ville à Antananarivo « La manifestation du 25 septembre était de base interdite la veille par l’État. On est quand même allés manifester, malgré les répressions perpétrées par les gendarmes. Ils en ont profité pour piller et casser. » Toute la jeunesse malgache se sent concernée et veut que les choses changent. De ces manifestations découle un mouvement social : Gen Z Madagascar. Sariaka explique « Tout a commencé sur un groupe Facebook où je parlais avec d’autres jeunes sur la situation catastrophique de Madagascar. »En plus des problèmes d’eau et d’électricité, Sariaka pointe du doigt l’effet boule de neige que les manifestations ont produit : « Après la première démonstration, nous avons demandé la dissolution du gouvernement. Les plus anciens, eux, demandaient la démission du président. »
Une instabilité aux effets prolongés
Cette situation n’est pas la première sur l’île. La situation dure depuis plusieurs décennies. 1960, 1972, 1991 ou encore 2009 marquent des moments clés dans la politique du pays « Ces dates sont marquées par des coups d’état et des manifestations, comme cette année. Il faut savoir que depuis 1960, il y a eu une division par deux du PIB par habitant. La population s’est énormément appauvrie. » Selon la jeune femme, le cas de ces dernières semaine ressemble fortement au cas de 2009 « En 2009, les manifestations ont été très violentes. Des snipers ont provoqué des morts, comme cette année où 22 personnes ont perdu la vie. » Sariaka déplore la présence des gendarmes, qui selon elle n’attendent qu’une seule chose : tuer les jeunes manifestants. Avec le dernier putsch, l’aide internationale a été coupée : la population malgache s’est encore plus appauvrie.
La Gen Z Madagascar, un symbole fort
Dans toutes les villes de l’île touchées par les rassemblements sont accrochés des autocollants reconnaissables par la tête de pirate de One Piece affublée d’un chapeau : celui de l’ethnie des betsileo « Cette ethnie est connue pour être des insoumis. J’imagine que cela doit avoir un lien. » Sariaka comme ses concitoyens appréhende la suite. Ce dont elle est sûre, c’est qu’elle continuera de se battre pour son île.
Madagascar, la grande île
Madagascar est située au sud-est de l’Afrique au large du Mozambique. Le pays fait face à de nombreux défis. Malgré ses richesses naturelles, Madagascar reste l’un des pays les plus pauvres du monde. Son produit intérieur brut (PIB) par habitant est très faible, environ 17,42 milliards de dollars US. Une grande partie de la population vit sous le seuil de pauvreté. La corruption, présente à tous les niveaux de l’État, freine le développement économique et empêche une répartition équitable des ressources.