Depuis 2018, la loi punit l’outrage sexiste, incluant les paroles et les gestes à connotation sexuelle. Sept ans après, bien qu’il y ait eu une baisse de 5% en 2024, l’insécurité physique et morale perdure. Regards insistants, remarques déplacées, suivis silencieux… À Lille, le harcèlement de rue reste une réalité quotidienne pour de nombreuses femmes.
Des gestes banalisés, des parcours modifiés
En 2024, 3200 infractions pour outrage sexiste ou sexuel ont été recensées en France, 9 femmes sur 10 en sont victimes, selon le ministère de l’Intérieur. « Je ne prends plus certaines rues après 20h, même si c’est plus long », confie Albane, 24 ans. Comme elle, beaucoup évitent les zones jugées à risque : Solférino, Masséna, ou les abords de la gare. Les outrages sexistes ont augmenté de 67 % entre 2018 et 2023, avant un léger recul de 5% en 2024. « Je pense qu’il y a des comportements abusifs, mais on met tout dans le même sac. Un regard, ce n’est pas une agression. », estime Thomas, 30 ans. Dans ce climat de vigilance et de perceptions parfois opposées, plusieurs associations locales et dispositifs citoyens tentent de répondre concrètement aux besoins des femmes dans l’espace public.
Des dispositifs qui fleurissent
Si les chiffres baissent légèrement, une atmosphère de méfiance et d’angoisse continue à régner dans certaines zones de la métropole. Pour y remédier, des campagnes de sensibilisation et des applications naissent. « Je ne savais même pas qu’on pouvait signaler ça quelque part », avoue Estelle, 32 ans. Pourtant, en cas de danger, l’appli « The Sorority » permet de signaler sa position aux 50 femmes les plus proches en temps réel. Concernant « UMAY », la personne est géolocalisée avant d’être guidée vers l’un des 6 500 lieux sûrs établis en France en cas de harcèlement, tandis que « Mon Chaperon » permet un copiétonnage pour plus de sécurité. Il existe également des associations lilloises comme Stop Harcèlement de Rue Lille ou SOLFA qui accompagnent les victimes et organisent des marches exploratoires. Mais tant que marcher vite reste un réflexe et baisser les yeux une stratégie, le harcèlement de rue à Lille ne peut être considéré comme un simple fait divers : c’est un quotidien à transformer.