Le phénomène musculation explose en France et les influenceurs façonnent nos standards corporels, partageant leur vision du corps et mêlant inspiration, exigence et transmission d’un message responsable.
En France, le phénomène est palpable : 5 900 salles de sport sont désormais ouvertes en 2025, soit une hausse de 50 % depuis 2020. Une croissance portée par la reprise post-pandémie et le succès des modèles low-cost. Cet engouement révèle une véritable culture du corps façonnée par les influenceurs fitness.

Les réseaux sociaux et l’illusion esthétique
Derrière les images léchées et les vidéos motivantes, les influenceurs de la musculation savent qu’ils participent à un modèle parfois trompeur. Tous reconnaissent que les réseaux amplifient une illusion esthétique où la performance devient la norme et le corps, un argument de visibilité. « Les réseaux sociaux, ce n’est pas la réalité », tranche Juliette, professionnelle du sport-santé. « Même si je ne poste que du sport, ça ne représente pas 24h de ma vie. » Pour elle, la musculation devrait avant tout être un outil de santé : « Le sport, ce n’est pas que pour avoir des abdos. À partir de 35 ans, on perd naturellement du muscle, donc le renforcement est vital. Mais sur les réseaux, on oublie trop souvent cet aspect santé. » Erik, coach et compétiteur, partage ce constat : « Les réseaux peuvent énormément aider, mais ils ne remplaceront jamais un vrai coach. Aujourd’hui, on voit de tout, y compris des gens sans formation et la banalisation des produits dopants. » Refusant cette dérive, il revendique une éthique : « En onze ans, je n’ai jamais utilisé d’anabolisants. Je veux montrer de vraies transformations, sur de vrais délais. »

La responsabilité et la transmission envers la jeunesse
Léonidas, compétiteur, observe les dérives d’un système où le corps devient produit : « Sur les réseaux, on montre des physiques incroyables toute l’année. Certains jeunes y croient, suivent des régimes extrêmes ou prennent des produits dangereux. On exploite ça commercialement. Moi, j’essaye de montrer qu’avec de la rigueur, on peut déjà faire de belles choses. » Tous insistent sur la nécessité d’un message plus sain. « Il faut que les gens sachent pourquoi ils commencent », résume Erik. Juliette milite pour « réorienter la muscu vers l’aspect santé et mental ». Léonidas rappelle : « La meilleure arme face aux dérives, c’est la connaissance. » Les jeunes deviennent plus critiques. Mathis explique : « Je regarde surtout pour apprendre à bien faire certains exercices, comme Brieuc Le Dantec pour l’aspect technique. » D’autres créateurs, comme Naj B Fit, préfèrent raconter des histoires autour du sport. Ruben, de son côté, dit : « Je regarde Tibo InShape pour le plaisir, pas pour progresser. Pour ça, je vais sur Instagram et du contenu spécialisé. » Motivation, exemplarité et responsabilité poussent les influenceurs à naviguer dans une zone grise : celle d’un corps qui inspire autant qu’il enferme. L’enjeu n’est plus seulement de montrer un corps fort, mais d’en préserver la réalité humaine.
