Le gouvernement a annoncé la suppression du Pass Culture pour les moins de 15 ans et la réduction de son montant pour les 15 – 18 ans. Cette mesure vise à recentrer le dispositif sur son objectif initial d’accès à la culture et suscite des réactions partagées.
Capucine, 17 ans, nous confie : « J’ai acheté mes premiers mangas grâce au Pass Culture. Sans lui, je ne suis pas sûre que je me serais autant intéressée à la lecture. ». Pour Maxime, c’est une autre histoire : « Je trouvais ça bien, mais au final, je l’ai surtout utilisé pour aller à des concerts. Ce n’est pas ça qui m’a donné envie d’aller au musée. » Entre satisfaction face à une réforme jugée nécessaire et inquiétudes des libraires et des jeunes, le débat est ouvert.
Une réforme pour mieux cibler l’accès à la culture
Cette initiative, créé en 2021, devait permettre un meilleur accès à la culture en offrant une enveloppe de 300 euros aux jeunes de 15 à 18 ans. En 2023, plus de 2 millions de jeunes en ont bénéficié pour un budget de 280 millions d’euros. S’il a touché 84 % des 18 ans, seuls 68 % des jeunes issus des classes populaires l’ont utilisé. La diversification culturelle reste limitée : en 2022, seuls 10 % des crédits ont été consacrés aux sorties culturelles. La ministre de la Culture, Rachida Dati, justifie la réforme par la nécessité d’orienter les dépenses vers des pratiques plus variées. « Il ne s’agit pas simplement de distribuer de l’argent, mais de construire un véritable parcours culturel pour les jeunes », affirme-t-elle dans Le Monde.
Un coup dur pour les libraires
Parmi les premiers concernés par cette réforme, les libraires redoutent une baisse de fréquentation des jeunes. « Ce qui intéresse le plus les jeunes, c’est la dark romance et les mangas. Avec la fin du Pass Culture pour les plus jeunes, il y aura forcément une baisse des ventes », confie un libraire de la Fnac. En effet, 75 % des dépenses du Pass Culture étaient consacrées au livre, avec une forte demande pour les mangas, qui représentaient à eux seuls 55 % des achats littéraires effectués via le Pass. À la Chouette Librairie, le constat est similaire. « Le Pass Culture est un porte-monnaie, pas un dispositif. Nous avons eu beaucoup de clients “touristes” qui ne sont jamais revenus. Ceux qui sont restés étaient déjà des habitués », analyse un libraire. Le Pass aurait donc davantage favorisé des achats ponctuels plutôt qu’une fidélisation des jeunes à la lecture.
Consommation ou culture ?
Pour certains, il a permis d’ouvrir des horizons culturels. « J’ai découvert des artistes que je n’aurais jamais écoutés sans le Pass, et j’ai pu aller à l’Opéra pour la première fois », se réjouit Camille, 16 ans. Pour d’autres, il ne remplissait pas son objectif initial. Avec cette suppression pour les plus jeunes et la réduction du montant alloué aux 15 – 18 ans, les libraires et les jeunes devront s’adapter à un paysage culturel en mutation. Reste à voir si cette réforme permettra de mieux encadrer et diversifier l’accès à la culture, ou si elle entraînera un désengagement progressif des jeunes.