Samedi 4 février, dans les rougeurs du bar le 9b à Paris, trois artistes émergentes se retrouvaient pour enflammer le dancefloor. NoJadis et Elona, du collectif Pépite en Piste avait invité Lullaby, du collectif S.OROR pour une soirée 100 % féminine, 100 % sûre et bienveillante. Mais derrière ces artistes lunaires se cache une association pas comme les autres, un collectif pétillant prêt à tout pour changer les codes de la scène électronique. Portrait de Pépite en Piste !
Couleurs cosmiques et solaires, mais surtout douceur et bienveillance, c’est autour de ces idées que Liz Gorsen et Laurine Asselen, ont créé le collectif associatif de musique électro Pépite en Piste, sur le canapé de leur colocation en 2020. Les deux jeunes femmes ont vu clair dès le début « étant féministes, on voulait monter un projet pour permettre aux artistes femmes d’émerger sur la scène électro », nous dit Liz Gorsen. Alors qu’en 2021, seulement 21 % des artistes programmés dans des grands festivals électroniques mondiaux sont des femmes, de plus en plus de collectifs et artistes travaillent ensemble pour rendre le milieu plus inclusif et plus sûr. Se détacher des stéréotypes qui entourent les femmes DJ, comme le manque de technique ou la sexualisation de leurs corps, Pépite en Piste a une recette parfaite !
Confiance en soi et légitimer la présence des femmes derrière les platines
« Tout part de la confiance en soi », s’exclame Liz. Or les femmes, de par leur éducation genrée, ont une forte tendance à se sous-estimer et à ne pas avoir confiance en elles, comparées aux hommes. Entre faible visibilité et commentaires sexistes du type « elle mixe bien pour une fille », il est temps de s’attaquer aux diktats qui règlent la scène du DJing. « On accompagne des artistes exclusivement féminines au niveau de la confiance en soi et de la légitimité. Nous sommes les amies qui rassurent, qui donnent du courage, qui rappellent à leurs artistes qu’elles sont magnifiques sur scène et talentueuses. » Parmi les artistes de Pépite en Piste, Elona se démarque par sa technicité et sa sélection pointue de sons. Cependant, elle manque encore de confiance en elle lorsqu’il s’agit de performer dernière des platines. « Lors d’un de nos événements à l’Alimentation Générale, nous avons eu une discussion avec Elona et les autres membres du collectif avant qu’elle ne se produise sur scène. Nous lui donnions des conseils sur comment elle pouvait se mouvoir sur scène, interagir avec le public, tout simplement comment se sentir bien. Au final, son live était magique. Il aurait pu être différent si nous n’avions pas eu cette discussion. »
De la bienveillance pour les artistes, mais aussi pour le public
Bienveillance et respect des autres sont les mots-clés qui animent la flamme de Pépite en Piste. Un nom de collectif qui a été réfléchi ardemment, tant en termes d’artistes qu’en termes de public, de communauté. « Nous ne voulions pas d’un nom anglais, et comme nous voulions mettre en avant nos artistes émergentes et talentueuses, le mot ‘pépite’ faisait sens. ‘En piste’ prend deux axes : celui du lancement de la carrière de nos talents, mais surtout celui du public. Le public est une pépite qui nous soutient, qui nous accompagne. Et à ce public, on lui permet d’avoir un espace de danse sûr et bienveillant. » Le milieu de la nuit et de la musique reste encore un espace de danger et de violence. La drogue du violeur, ou les vagues de piqûres de drogue en boîte de nuit ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres. « L’idée de l’espace ‘safe’ où tout le monde peut être qui il veut est un élément très important dans l’organisation de nos événements. »
Vers la musique et au-delà !
Pépite en Piste est un collectif de musique électro qui pourtant sait se rendre pluridisciplinaire. La musique reste au centre, mais l’organisation des événements est réfléchie entre toutes les parties du collectif – membres et artistes – pour permettre une fusion d’idées qui tendent vers la visibilité, l’inclusion et le respect. Lors de leur ‘Release Party’, un spectacle de Drag King a accompagné la pépite DJ NoJadis, au Pavillon des Canaux. « Le mélange des arts » ajoute Liz avec un sourire. La parole est aussi au cœur de l’association. « Nous ouvrons également des espaces de discussion. Le TALK que nous avons organisé à la Rotonde en est un exemple parfait. Les femmes peuvent parler librement de leurs expériences comme artistes électro. On met la question de la visibilité et de la sécurité dans l’espace public, car c’est ce qui fait évoluer les choses. Mettre en lumière les fonctionnements qui ne sont pas acceptables dans les milieux de la musique. Et nous en tant qu’association, se questionner sur ce qu’on veut défendre. » Ce TALK est en réalité un podcast. D’une table ronde, il devient un outil de changement disponible à tous. Un changement qui continue de s’opérer avec l’arrivée d’une nouvelle pépite, Rozilla, qui fera de 2023 une année riche en émotions.