Près de 1 000 disparitions de mineurs sont jugées « particulièrement inquiétantes » chaque année. En tête de file des actes criminels : la prostitution infantile qui ne cesse d’augmenter. Des associations se mobilisent en créant de nouveaux outils pour lutter contre ce fléau.
En France, chaque année, les noms de 50 000 personnes rejoignent le fichier des personnes recherchées (FPR) d’après les chiffres du ministère de l’Intérieur, dévoilés le 26 octobre. L’année dernière, 43 870 signalements effectués concernaient des mineurs. Si la plupart de ces jeunes sont déclarés en « fugue » ou « enlevés » le plus souvent par un parent lors d’un conflit familial, pour 922 d’entre eux, la disparition est jugée comme « particulièrement inquiétante ».
Séquestration, meurtre ou encore prostitution… Pour ces 922 mineurs disparus, les services de police et de gendarmerie ont en leur possession des éléments qui leur font craindre que le jeune ait pu être victime d’un acte criminel ou ait pu avoir un comportement suicidaire. Des chiffres effrayants à l’heure où médias et personnalités politiques se sont emparés de l’affaire Lola, jeune fille de 12 ans, assassinée et retrouvée dans une malle près de chez elle à Paris, le 12 octobre dernier.
20 000 mineurs victimes de prostitution en France
Le facteur principal de ces disparitions inquiétantes est le phénomène de la prostitution infantile, en hausse de 68% entre 2016 et 2020, d’après le dernier rapport de l’Office central pour la répression des traites des êtres humains. Plus de 20 000 mineurs, dont 15 000 relevant de l’Aide Sociale à l’Enfance seraient aujourd’hui victimes de prostitution, comme le confirme l’association ACPE (Agir contre la Prostitution des Enfants).
« Consommation précoce de contenus pornographiques, hypersexualisation, développement des outils numériques… Les causes de la banalisation de la prostitution chez les plus jeunes sont nombreuses et les études restent rares », explique la porte-parole de l’ACPE. C’est la raison pour laquelle cette association d’accompagnement des familles et des victimes a collaboré avec le numéro d’urgence européen 116 000 Enfants disparus afin de créer un Vade-mecum.
Un outil multiple pour mieux identifier les potentielles fugues
Ce dernier intitulé « Prostitution des mineurs et fugues » a été co-financé par la région Île-de-France et synthétise un ensemble de connaissances permettant de mieux appréhender les mécanismes de la prostitution des mineurs et ses conséquences. « Il y a des conseils pour mieux identifier les potentielles fugues ainsi que des situations de prostitution. Il y a aussi des informations pratiques sur les mesures de protection ou les enquêtes », nous éclaire l’association ACPE.
Ce vade-mecum est consultable en ligne, directement sur les sites de l’ACPE et du 116 000 Enfants Disparus. Si cet outil est destiné en premier lieu aux professionnels de l’enfance, de la police et de la justice, les auteurs espèrent sensibiliser le plus grand nombre. Et surtout apporter un nouvel éclairage pour mieux protéger les victimes. Afin d’éviter le pire.