Durant la période Covid, le secteur de la restauration a vu partir près de 240 000 salariés. Un an après, le secteur a‑t-il su mieux recruter et retrouver son personnel ? On fait le point avec plusieurs restaurateurs lillois.
La crise sanitaire liée au Covid a été dévastatrice pour le secteur de l’hôtellerie-restauration. Entre février 2020 et février 2021, l’effectif de l’hébergement-restauration est passé de 1 309 000 à 1 072 000, soit un recul de 237 000 employés en un an selon la Dares, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques.
Ils veulent juste un salaire
Lors du processus de recrutement, une chose semble courroucer tous les restaurateurs : « les gens ne veulent plus travailler » fustige Raphaël Jeannard, cuisinier à la Chicorée place Rihour depuis 2018. « Ils veulent tout de suite être directeur et gagner 3 000 €, et ça, ce n’est pas possible. Puis quand ils n’ont pas ce qu’ils veulent, ils vont en face, puis à droite ou à gauche. Les gens n’ont plus envie de bosser, ils veulent juste un salaire et c’est agaçant ».
« Ils veulent tout de suite être directeur et gagner 3 000 €, et ça, ce n’est pas possible »
Une situation exclusivement liée à la période post-Covid ? Pas selon Pascal Grimaunt, responsable adjoint à l’Hippopotamus, qui admet que « même si le Covid a changé beaucoup de choses dans le secteur, c’est un phénomène qui existait déjà il y a 5 – 6 ans. Avant on avait des difficultés pour recruter des gens compétents dans le métier, aujourd’hui on les forme plus, mais certains veulent griller les étapes. Et ça c’est pas possible. Les possibilités d’évolution existent mais il faut prendre son temps, acquérir une ancienneté avant d’augmenter ».
Des demandeurs d’emplois plus exigeants
« Certaines personnes savent que le secteur est en difficulté, et ils jouent de ça, explique Lydia Houacine, responsable et formatrice au Club Café Grand Place, ils veulent des horaires aménagés, une voiture de fonction, être responsable… mais on ne peut pas leur donner tout ça dès le début. Je suis ici depuis deux ans et je vois énormément de personnes partir pour aller en face ou dans un autre café pas très loin, il y a beaucoup de turn-over ». Lisa, employée en formation, confirme les faits : « J’ai postulé ici il y a un mois et demi, je suis encore en période de formation, mais j’ai déjà remarqué que j’ai amélioré mes compétences et même gagné en responsabilités ». « Tu es même ma plus longue employée, tu vas bientôt être promue ! » ironise sa responsable derrière le comptoir.
Un job-dating sans CV s’est déroulé à l’Hôtel Mercure du Vieux Lille le 8 novembre de 9 h à 18h pour recruter des personnes motivées en cuisine, en service, pour l’accueil des clients et l’entretien des chambres.