Depuis plusieurs mois maintenant, c’est le pays tout entier qui se révolte contre la réforme judiciaire du nouveau gouvernement israélien. La population craindrait une dérive antidémocratique du gouvernement.
Le jeudi 29 décembre, les députés de la Knesset (parlement israélien) ont voté en majorité pour le gouvernement de Benyamin Netanyahu. Ce dernier est composé de partis d’extrême droite et ultra orthodoxes. Selon The Jerusalem Post, cela donnerait lieu au gouvernement » le plus à droite de l’histoire d’Israël «. L’issue de ces élections législatives, témoigne du morcellement de l’électorat et des divisions internes de la société israélienne.
Le premier ministre, Benyamin Netanyahu, n’en est pas à son premier mandat. Surnommé Bibi par ses partisans, il préside le parti nationaliste et conservateur du Likpoud et détient le record de longévité à la tête du gouvernement israélien. Il est ministre de 1996 à 1999 et de 2009 à 2021. Durant son second mandat, il permet l’implantation de nouvelles colonies israéliennes, fait voter la loi Israël (l’une des lois fondamentales de l’État-nation juif d’Israël), il gère aussi les offensives militaires menant aux guerres de Gaza de 2012 et de 2014. En 2019 il est poursuivi pour différentes affaires douteuses : notamment fraude, corruption et abus de confiance.
Le gouvernement de Netanyahu a ainsi lancé son tout premier projet de réforme du système judiciaire le 4 janvier 2023, projet largement controversé à travers le pays qui a été le point de départ de ces manifestations et vous allez comprendre pourquoi.
« nous voulons une justice aux ordres ».
L’objectif de la réforme est de doter le gouvernement des pleins pouvoirs en quelque sorte en affaiblissant la cour suprême. Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, avait annoncé : « Nous voulons une justice aux ordres ».
Une réforme antidémocratique
D’après la réforme, le Premier ministre pourrait nommer lui-même les magistrats, mais aussi se doter d’un droit de veto contre leurs décisions. Les députés choisis seraient également en capacité par simple vote à la majorité d’annuler les décisions de la cour suprême.
En Israël il n’y a pas de constitution, la cour suprême peut ainsi abroger les lois votées par les parlementaires comme elle le veut. Dans le cas où la réforme viendrait à entrer en vigueur, il n’y aurait ainsi plus d’équilibre entre le pouvoir législatif, exécutif et judiciaire. Le politique deviendrait tout-puissant et contrôlerait tout. L’extrême droite et les partis religieux gagneraient en puissance au détriment de la justice et de la démocratie.
Ce n’est pas tout, un lien étroit est établi entre les procès de Netanyahu pour ces diverses accusations et cette nouvelle réforme du système judiciaire. Yariv Levin, le ministre de la justice israélienne, déclare : « avec la triple inculpation de Benyamin Netanyahu, les Israéliens ont pris conscience que des problèmes devaient être résolus ». Cependant, le parti du premier ministre dément totalement ce lien entre la réforme et le procès de son leader, selon un article du correspondant de RFI à Jérusalem Sami Boukhelifa.
« Liberté, égalité, intégrité »
C’est ainsi que divers régimes politiques appellent le peuple israélien à se révolter depuis quelques semaines, notamment les partis du centre, ceux de gauche et de l’alliance des partis arabes Hadash-Taal ( Partis politiques qui défendent les droits des arabes israéliens et qui proclament la laïcité, l’antisionisme et qui protestent ainsi l’expansion d’un État juif en Palestine).
Au milieu du rassemblement, alors que la paix israélo-palestinienne semble plus que jamais improbable, beaucoup de manifestants brandissent des drapeaux palestiniens, et appellent à la fin de l’occupation.